Accessibilité : un guide AFNOR pour harmoniser la conception des pictogrammes
La norme volontaire NF P96-105 fournit un cadre pour concevoir et utiliser des pictogrammes qui parlent à tous les publics, porteurs de handicap ou non, quand il faut s’informer et s’orienter dans les bâtiments.
Fixer un cadre sans pour autant figer les possibilités créatives. C’est le pari réussi par la commission de normalisation « accessibilité et qualité d’usage dans l’environnement bâti » (La commission réunit des représentants d’associations d’usagers, de praticiens du design, de professionnels de la construction et d’administration) d’AFNOR, qui publie aujourd’hui la norme volontaire NF P96-105. Ce document d’une vingtaine de pages (hors annexes), sera utile aux maîtres d’œuvres et aux gestionnaires d’établissements recevant du public (ERP) pour concevoir, commander et utiliser des pictogrammes respectant des principes d’accessibilité pour tous. Il résulte d’un projet engagé en 2014 à la demande de la Délégation ministérielle à l’accessibilité et des associations d’usagers, et animé par l’Unapei (L’Unapei est la première fédération d’associations française de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées et de leurs familles.)
Limiter les risques d’incompréhension
Qui n’a pas été dérouté par des pictogrammes fantaisistes, pas immédiatement compréhensibles, parfois différents pour une même information, au graphisme nuisant à la compréhension ou comportant trop d’informations ? Loin d’imposer une uniformisation, même si l’utilisation de pictogrammes normalisés est recommandée, la norme volontaire NF P96-105 concilie la volonté des maîtres d’ouvrages d’exprimer leur identité propre avec le respect des principes de conception universelle.
Parmi les recommandations concernant la conception du « signe », la norme volontaire précise que les pictogrammes doivent être mémorisables et faciles à décrire, sans effet de perspective pouvant nuire à la compréhension : la 2D est donc préférée à la 3D. Objectif : délivrer un message simple, sans effet rébus ou limitant les signes difficiles à assimiler. De nombreux conseils sont délivrés pour aider à bien positionner les pictogrammes en fonction du contexte et de l’information donnée, ainsi que leur éclairement (artificiel ou naturel) ou leur contraste (par exemple en extérieur, selon les changements de couleurs des feuilles d’arbres ou la présence de neige).
Doublage sonore des pictogrammes
Les membres de la commission ont précisé plusieurs conditions concernant le doublage sonore du pictogramme, ce dispositif indispensable aux personnes déficientes visuelles mais également utile à toute personne éprouvant des difficultés à se repérer (personnes âgées ou en situation de handicap intellectuel, par exemple). La norme volontaire favorise un usage raisonné de ces technologies en fonction du type d’ERP et des contextes, et précise les attendus de la loi en fonction des usages.
Elle énonce aussi des recommandations pour concevoir des messages sonores, et encourage l’usage de mots simples, comme par exemple « toilettes » au lieu de « sanitaires ». Les mots-clés sont également préférés aux longs messages : une liste non limitative d’exemples est donnée. Sont également disponibles, en annexes, des exemples de pictogrammes à apposer au fil d’un déplacement-type dans un bâtiment-type. Enfin, on y trouve des explications concrètes sur les handicaps ou les difficultés de compréhension de personnes éprouvant des difficultés de lectures ou atteintes de déficiences auditives, visuelles, intellectuelles et psychiques.