Aéronautique : préparez votre certification EN 9100 version 2016
La norme de référence relative à la qualité dans l’aéronautique a été revue. Vous êtes un professionnel certifié ? Préparez votre migration vers la version 2016 pour profiter des évolutions induites, avant le 15 septembre 2018. Voici les principales nouveautés.
Le marché de l’aéronautique et de la défense constitue un secteur-clé de l’économie mondiale. Son chiffre d’affaires s’élève à plus de 630 milliards de dollars en 2014 en Europe et aux Etats-Unis. En France, l’industrie aéronautique, spatiale, de défense et de sécurité pèse à elle seule 50,8 milliards d’euros en 2014, dont 82 % réalisés à l’exportation, ce qui représente le premier poste d’excédent dans la balance commerciale nationale. Elle concentre 180 000 emplois hautement qualifiés, et l’ensemble de la filière est estimé à 350 000 personnes, dont 50 000 recrutées ces quatre dernières années.
Une prédominance qui s’explique peut-être par le fait que cette industrie fait des produits de qualité. En l’espèce, les normes de la série EN 9100* (conception et bureau d’étude/production de produits aéronautiques), EN 9110 (maintenance, réparation, entretien) et EN 9120 (activités de négoce, stockage et distribution) sont les plus utilisées par le secteur aéronautique et défense. « Elles sont incontournables et se révèlent un sésame auprès des grands donneurs d’ordres, qui se trouvent ainsi assurés que les exigences liées à la qualité, la sûreté, le respect des délais, la maîtrise des coûts sont partagées et bien prises en compte. De fait, Boeing et Airbus sont certifiés sur la base de ce référentiel et 90 % des entreprises actives de la filière, des grands comptes aux PME, le sont aussi », analyse Michel Frances, expert aéronautique, espace, défense du groupe AFNOR, et membre de la délégation qui a porté les positions françaises et européennes lors de l’écriture de l’EN 9100 version 2016. Aujourd’hui, ils sont plus de 18 900 acteurs de la filière à arborer un tel certificat, dont 5 % délivrés par AFNOR Certification.
Qualité et sûreté sur toute la chaîne d’approvisionnement
Et si la norme évolue, la certification aussi ! Pour une entreprise certifiée, le premier impératif sera d’abord celui du calendrier, puisque contrairement à la certification-« mère » ISO 9001 version 2015, qui organise trois années de transition, les entreprises n’auront que quinze mois pour réaliser leur transition en version 2016. Au 15 septembre 2018, la validité de leur certificat actuel (version 2010 ou antérieure) prendra fin. Or dans ce laps de temps contraint, il faut organiser l’audit de certification, et avant cela, revoir son système de management de la qualité à la lumière des nouveautés de la norme. Dès juin 2017, les auditeurs pourront mesurer le chemin à parcourir pour répondre aux nouvelles exigences.
L’aspect le plus sensible de la nouvelle version du texte est sans conteste l’obligation faite à toute entreprise de s’assurer de la maîtrise de la qualité et de la sûreté des produits et services fournis par des prestataires externes. Et cela, non seulement auprès d’un fournisseur de rang n – 1, mais sur toute la chaîne d’approvisionnement. L’entreprise se voit ainsi attribuer une responsabilité-clé dans la détection de pièces contrefaites. Et le cas échéant, elle doit pouvoir montrer à ses clients qu’elle s’est assurée que ses fournisseurs ont mis en place des processus de contrôle adaptés.
De même, selon la norme révisée, « l’organisme doit planifier, mettre en œuvre et maîtriser les processus nécessaires pour assurer la sécurité des produits tout au long du cycle de vie du produit ». De façon concrète, aucune entreprise ne pourra affirmer à son client qu’elle n’était pas au courant que certaines pièces conçues et livrées par des fournisseurs se révèlent difficiles à recycler, présentent des « éléments critiques », ou se trouvent frappées d’obsolescence. La nouvelle norme recommande au contraire « l’évaluation des risques et la gestion des risques associés, la gestion de la sécurité des éléments critiques, l’analyse et la déclaration des événements survenus affectant la sécurité, la communication de ces événements et la formation des personnes ». Conséquences : dans les entreprises, de nouvelles actions de sensibilisation et formation du personnel devront être mises en place sur ces points-clés.
Un nouvel environnement mondial
Mais la nouvelle norme va plus loin : elle ne se contente pas de raisonner en termes de risques, et confère toute sa place aux « opportunités », c’est-à-dire à l’innovation, et notamment aux améliorations de rupture.
Le tout, avec de la souplesse : l’EN 9100 version 2016 prend en compte les contraintes spécifiques des entreprises, notamment celles des PME. De fait, celles-ci pourront faire valoir en quoi certaines exigences de la norme ne s’appliquent pas ou peuvent être simplifiées sur certains points, par leurs « données de contexte » (périmètre d’intervention, positionnement sur le marché, etc.). Derniers changements marquants : la dimension environnementale, sous l’angle du cycle de vie des produits, et l’éthique, sous l’angle des achats responsables, se trouvent aussi renforcées et désormais auditées.
De l’aveu de ses rédacteurs, tous engagés professionnellement dans la filière, la nouvelle EN 9100 démontre sa capacité à s’adapter aux évolutions de fond que sont l’allongement et l’internationalisation des chaînes de valeur, et le besoin d’innover par des ruptures technologiques. Elle manifeste sa contribution fondamentale au développement d’une industrie aéronautique, spatiale et de défense toujours plus consciente des risques, éthique, performante et sûre.
*Ces normes sont préparées par l’IAQG (International Aerospace Quality Group) au sein de l’OACI (Organisation Aéronautique Civile Internationale). Elles reçoivent l’appellation EN 9100 en Europe, AS 9100 sur la zone Amériques, et JISQ en secteur Asie Pacifique.
> En savoir plus sur la certification EN 9100…
> Se former à l’EN 9100 version 2018
photo ©Shutterstock/Jirat Teparaksa