Blockchain : la confiance passe par les normes
Mercredi 28 octobre 2020, AFNOR a réuni les professionnels de la blockchain pour donner un coup de projecteur sur cette technologie qui a besoin de normes volontaires, comme la future NF B01-001. Une étude de marché montre que la blockchain se diffuse rapidement, dans de nombreux secteurs. De quoi dynamiser une relance économique.
Finance, luxe, supply chain… La blockchain se diffuse dans le tissu économique. Cette technologie visant à sécuriser totalement les transactions en ligne, et servant de tiers de confiance pour enregistrer toutes les informations, a même ses professionnels, regroupés dans une nouvelle fédération : la FFPB (Fédération française des professionnels de la blockchain). Mercredi 28 octobre 2020, dans les locaux d’AFNOR, la FFPB a présenté une étude menée auprès de 125 organismes utilisateurs, et dessinant les contours de l’écosystème français de la blockchain. « Plus de la moitié des sociétés de l’indice SBF 120 ont affirmé publiquement mener des projets blockchain », proclame-t-elle. Néanmoins, les acteurs spécialisés sont majoritairement des TPE, surtout localisées en Ile-de-France. Petits ou grands, une bonne partie (41 %) ont levé des fonds pour se développer, pour un total de 53 millions d’euros.
Blockchain : pour une technologie Block in France”
Si le niveau d’expertise est élevé, en particulier sur l’utilisation du protocole Ethereum (premier cité, devant Bitcoin et Hyperledger), l’étude illustre la nécessité de densifier rapidement l’offre de formation, au regard des perspectives de recrutement à court terme. Il n’empêche : « l’écosystème français semble avoir su construire un terreau fertile pour la mise sur le marché de services ou produits reposant sur la technologie blockchain », lit-on dans l’étude. Par exemple, en recourant au paiement par cryptomonnaies.
Mais avec le regret de ne pas y mettre une touche bleu-blanc-rouge : l’étude met en évidence une forte demande en faveur d’une blockchain “Block in France”, développée par des entités dont le siège social est en France, avec une architecture issue de la R&D nationale. « La blockchain est une opportunité pour la France de se réapproprier une souveraineté numérique fortement érodée par les précédents virages technologiques manqués », dit à ce sujet le député Jean-Michel Mis (LREM, Loire), co-fondateur de la FFPB avec l’entrepreneur Rémy-André Ozcan. Un souhait à mettre en parallèle du plan de relance économique post-covid.
C’est là que la normalisation a un rôle à jouer. Car les normes ont ceci de bénéfique qu’elles permettent de poser un cadre, décrire les bonnes pratiques, développer un langage commun. On parle bien ici des normes volontaires, faites par et pour les professionnels, et non du cadre réglementaire, par ailleurs qualifié d’inadapté par 58 % des répondants à l’étude de la FFPB. Ainsi, des travaux normatifs ont été entrepris sous l’égide de l’Organisation internationale de normalisation (ISO, comité TC 307), débouchant sur la publication de la norme ISO 22739. Il est y question de vocabulaire, histoire de partager entre tous les termes à utiliser dans l’univers de la blockchain, avec leur définition précise, afin de bien se comprendre.
Blockchain : des normes volontaires pour renforcer la confiance
Le travail se poursuit aujourd’hui dans un cadre franco-français, AFNOR hébergeant et animant une commission de normalisation composée d’une quinzaine de professionnels pour mettre au point la future norme NF B01-001. Horizon de publication : juillet 2021, après enquête publique. « L’objectif de cette norme est de proposer un classement des niveaux de véracité d’une information à transcrire dans un système utilisant la technologie blockchain : « confiance raisonnable », « force probante », etc. Je prends un exemple : la blockchain transcrira de manière infalsifiable l’information comme quoi j’ai un milliard de dollars sur mon compte en banque. Mais qu’est-ce qui vous prouve que cette information est authentique ? La norme donnera des niveaux de confiance pour attester de la sincérité de la source. La technologie, aussi sûre soit-elle, ne permet pas de prouver que la donnée enregistrée reflète bien la réalité qu’elle est censée refléter, à la fois dans son exactitude et son entièreté. Cette norme est le maillon de confiance qui relie le monde physique au monde numérique sécurisé par la blockchain », décrit Sylvain Cariou, président de la société Crystalchain et président de la commission de normalisation AFNOR.
Cette commission réunit start-up et entrepreneurs ; elle vous accueille si vous voulez apporter votre contribution en tant qu’utilisateur, professionnel de l’archivage électronique et de la gestion documentaire, ou fournisseur de technologie blockchain pour des applications financières ou des applications de traçabilité. Les normes de demain s’écrivent aujourd’hui… et certainement pas sans vous !
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