Une bonne démarche RSE passe par les achats
C’est aujourd’hui très clair : les achats responsables jouent un rôle important pour amener les entreprises à être plus vertueuses et évoluer vers une économie durable. Une bonne démarche RSE passe par nécessairement par le service achats. Pour aider les acheteurs et acheteuses à faire évoluer leurs choix et leurs pratiques, il existe un guide faisant consensus dans le monde : la norme volontaire NF ISO 20400 sur les achats responsables, publiée en 2017. Un document phare qui était au centre d’une rencontre organisée par le groupe AFNOR, l’Observatoire des achats responsables et A2 Consulting le 17 novembre 2022, dont le replay est accessible ici. Le magazine Décision Achats en a fait un article ici.
L’année 2017 est aussi celle où une nouvelle loi arrive en France : la loi sur le devoir de vigilance. Ce texte demande aux entreprises d’avoir un « réflexe probité » : en tant que donneuses d’ordres, elles doivent veiller à ne porter atteinte, à aucun moment, aux droits humains et à l’environnement, et prévenir les risques de corruption tout au long de leur chaîne d’approvisionnement, à l’aide d’un plan de vigilance. Ces dispositions vont maintenant devenir européennes, comme l’a souligné le député Dominique Potier, spécialiste de ce texte, lors de la rencontre AFNOR du 17 novembre.
Identifier les leviers pour progresser
Aussi bien la norme que la loi pensent désormais l’entreprise comme un acteur politique du 21e siècle, qui participe à la vie de la société, et que la recherche du profit ne doit pas empêcher d’agir pour minimiser ses impacts. La directive CSRD tout récemment adoptée va dans le même sens, en instaurant un reporting extra-financier exhaustif et normé, avec moult données ESG (environnement, social, gouvernance). Exercice qui impactera le service achats, car certaines de ces données lui seront demandées. Là aussi, la norme volontaire ISO 20400 est d’un grand secours. Par le prisme des fournisseurs, elle offre un regard externe sur les pratiques, l’environnement, les relations sociales et la performance de l’entreprise. Elle énonce les leviers à actionner pour progresser vers plus de responsabilité et d’exemplarité dans les achats. Une étape indispensable pour, ensuite, mesurer les progrès accomplis, a fortiori si l’entreprise se fait accompagner pour faire mieux (lire l’exemple d’Adisseo ci-dessous). L’ISO 20400 n’est pas une norme certifiable, comme le sont l’ISO 9001 sur la qualité ou l’ISO 14001 sur l’environnement, mais si elle menée en bonne et due forme, une autoévaluation peut éventuellement mener à une labellisation, histoire de valoriser les efforts produits et se différencier sur le marché. AFNOR Certification vous propose à ce sujet AFAQ Focus RSE Achats Responsables, un signe de reconnaissance pour matérialiser vos engagements, délivré à l’issue d’une évaluation tierce partie.
A l’intérieur des achats responsables, les achats solidaires
Cinq ans après la publication de la norme, la question d’une mise à jour est sur la table. Quatre pays ont répondu favorablement à la consultation ouverte par l’Organisation internationale de normalisation (Australie, France, Norvège, Pays-Bas), sachant qu’un cinquième serait déterminant. En attendant, l’éventail normatif s’enrichit : les acheteurs publics noteront la publication de la norme volontaire NF EN 17687 « Achats publics – Intégrité et responsabilité – Exigences et recommandations » ; les acteurs de l’économie sociale et solidaire la publication du guide AFNOR SPEC 2202 sur les achats solidaires. Sous le pilotage de l’Agence des économies solidaires, filiale de l’association Les Canaux, ce dernier trouve son origine dans le projet ESS 2024, dans le sillage des Jeux Olympiques de Paris en 2024. « De nombreuses organisations souhaitent se lancer mais ne savent pas forcément comment s’y prendre. Ce guide leur propose une méthodologie et des outils concrets, résume Caroline Molic, directrice à l’Agence des économies solidaires. L’ESS compte de nombreuses TPE et PME, pas forcément structurées pour répondre à toutes les conditions d’un contrat d’achat d’un grand groupe. Nous donnons des pistes pour aménager et assouplir leurs clauses contractuelles sans se mettre en risque. »
Le document indique aussi de quelle manière identifier ces structures et rappelle tous les avantages qu’elles présentent. « Ce sont des acteurs ancrés dans leur territoire, des fournisseurs de proximité qui offrent des emplois non délocalisables à des personnes éloignées du marché du travail. Un vrai enjeu d’inclusion », apprécie Caroline Molic. Une ressource précieuse pour qui souhaite mettre l’accent sur les achats solidaires dans une politique plus large d’achats responsables.
Adisseo autoévalue sa démarche achats
Deborah Pinaire-Kien et Jérémie Caron coordonnent la démarche achats responsables chez Adisseo, grand nom la nutrition animale avec 2 500 salariés dans le monde. « Nous avons demandé à AFNOR de nous épauler dans notre autoévaluation, racontent-ils. Nos 12 leaders achats interviennent dans des segments très différents. AFNOR nous a aidés à avoir la même compréhension des questions. Adisseo a déclenché une première auto-évaluation avec AFNOR il y a deux ans à l’aide de l’outil OK Pilot. Cet exercice a notamment conduit à créer un comité achats responsables, dont l’un de nous deux fait partie. » Un an plus tard, une deuxième autoévaluation a permis de mesurer les progrès accomplis. Les résultats sont utilisés comme une référence. « L’intervention d’AFNOR nous apporte une vision extérieure et objective, qui nous permet de définir les axes d’amélioration de notre pratique. Actuellement, nos entités en Chine sont en cours d’autoévaluation. Et nous avons la chance d’avoir un interlocuteur AFNOR d’origine chinoise ! », apprécient-ils.