Cinéma responsable : les bonnes pratiques se diffusent
Des tournages à moindre impact environnemental et respectueux des enjeux sociaux, d’accord, mais en faisant quoi concrètement ? Heureusement, pour répondre à cette question, un référentiel de bonnes pratiques existe, à destination des professionnels du cinéma, de l’audiovisuel et de la publicité : l’AFNOR Spec 2308. Porté par le ministère de la Culture et le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), il est le fruit d’un travail collectif ayant associé 130 professionnels, dont les organisations de production cinématographique, audiovisuelle et publicitaire, représentatives des employeurs et des salariés, et deux experts historiques de ces enjeux, Ecoprod et Flying Secoya.
AFNOR Spec cinéma responsable : 7 chapitres, 3 niveaux, 28 indicateurs
Le référentiel AFNOR Spec propose aux sociétés de production des actions concrètes pour déployer un projet cinéma, audiovisuel ou publicitaire prenant en compte les trois grands volets de la RSE, à savoir les enjeux environnementaux (carbone, pollution, énergies, déchets, biodiversité…), sociaux (inclusion, parité, formation…), et économiques (achats responsables, économie circulaire, réemploi…). Le tout, de la phase de préparation des tournages à la phase de post-production. Le document est découpé en sept chapitres : gouvernance, énergie et mobilité, achats responsables, alimentation et gestion des déchets, sobriété numérique, biodiversité et bien-être animal, inclusion, parité et qualité de vie au travail, formation et sensibilisation. Un tournage mettant en scène des animaux, par exemple, sera particulièrement intéressé par le chapitre 6 ; un autre pour une émission gastronomique le sera par le chapitre 4. Le référentiel propose trois niveaux d’engagement progressif :
- Niveau 1 : la production engage une démarche de responsabilité sur son projet ;
- Niveau 2 : elle renforce sa démarche de responsabilité sur son projet ;
- Niveau 3 : la société de production met en place une démarche de responsabilité sur l’ensemble de ses projets.
Le référentiel comporte 28 critères, correspondant à une action ou une liste d’actions, à mettre en place sur le projet engagé. Les professionnels pourront ainsi concentrer leurs efforts sur des actions identifiées comme impactantes et adaptées aux spécificités de leur projet : établir un plan de mobilité, sensibiliser au recrutement inclusif, réaliser l’empreinte carbone du projet, etc. Ce dernier point est important au regard de l’obligation, en vigueur depuis le 1er janvier 2024, pour les films et séries qui prétendent à des aides de l’institution publique, de réaliser deux bilans carbone : un premier bilan prévisionnel, en amont, et un bilan définitif, en aval. Cela concerne environ 300 œuvres financées chaque année par le CNC, soit 4 600 heures de programmes. L’utilisation de l’AFNOR Spec s’inscrit notamment dans la transformation des pratiques promues par le Plan Action ! du CNC, programme-cadre de transition écologique et énergétique dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel et de l’image animée.
Publié en mai 2024, ce premier document national de normalisation est à la disposition des professionnels de la production qui peuvent s’en emparer de manière volontaire. « Il n’est pas exclu que ce document puisse devenir, à terme, une norme internationale, à l’image de celle sur les événements responsables (ISO 20121), utilisée dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 et plus largement par l’ensemble de la filière événementielle », commente Grégory Berthou, superviseur de ces travaux chez AFNOR. La norme ISO 20121 nouvelle version est sortie mi-2024.