Cinq certifications qui ont bien marché en France en 2018
Dans un contexte marqué par la transition vers les nouvelles versions d’ISO 9001 et d’ISO 14001, l’Organisation internationale de normalisation souligne la hausse du nombre de certificats ISO 27001 (sécurité de l’information) et ISO 45001 (santé et sécurité au travail) accordés dans le monde. Retour sur les grandes tendances de l’ISO Survey édition 2018, qui couvre 12 grands référentiels de systèmes de management, et focus sur la France.
1. Sécurité de l’information : l’ISO 27001 au top
Indiscutable effet RGPD ! Entré en vigueur en mai 2018, le règlement européen sur la protection des données a provoqué une véritable ruée vers l’ISO 27001 : trois fois plus de certificats accordés aux entreprises en France en 2018 qu’en 2017, dont beaucoup par AFNOR Certification, pour atteindre 925 sites certifiés dans l’Hexagone (et regroupés sous 223 certificats). La tendance se retrouve à l’échelle mondiale, puisque le nombre total de sites certifiés s’approche désormais des 60 000, contre 39 500 il y a un an et à peine 10 000 en 2011. Le signe d’une véritable prise de conscience des entreprises sur cette question devenue fondamentale. Très proche des exigences du RGPD, l’ISO 27001, qui donne des lignes directrices pour dérouler un bon système de management de la sécurité de l’information, rencontre logiquement un certain succès dans les pays de l’Union européenne. Plus d’un tiers des certificats sont distribués sur des sites au sein de l’UE, loin devant les performances affichées par les États-Unis, la Chine et l’Inde.
2. Santé et sécurité au travail : débuts réussis pour l’ISO 45001
Autre grande tendance 2018 : le démarrage en trombe de la toute nouvelle certification ISO 45001 sur la santé et sécurité au travail, basée sur la norme du même nom, publiée au printemps 2018. Déjà près de 12 000 certificats et plus de 14 000 sites certifiés partout dans le monde, avec des débuts plus modestes pour la France qui affiche seulement 94 certificats, couvrant 208 sites. A l’image de la société Axon Cable, certifiée par AFNOR Certification. Ce référentiel, qui suit la structure commune aux autres normes de systèmes de management, outille les entreprises désireuses de créer des conditions de travail meilleures et plus sûres pour leurs collaborateurs et prestataires. Les secteurs de la construction (1 673 sites certifiés dans le monde) et de la sidérurgie (1 078) sont logiquement les plus demandeurs. A noter que la Chine mène la danse avec 4 000 sites certifiés, suivie par le Royaume-Uni (1 500) et l’Italie (1 400).
3. Management de la qualité : la valeur sûre ISO 9001
ISO 9001 reste la certification la plus utilisée, tous secteurs confondus. Près de 1,2 million de sites dans le monde sont certifiés sur la version 2015 (la dernière en date et désormais la seule valable) de ce référentiel cadrant le management de la qualité, contre 1,05 million en 2017. Dans le détail, la Chine fait la course en tête avec 297 000 sites certifiés, loin devant l’Italie (126 000), l’Allemagne (73 000) et le Japon (68 000). L’Espagne complète le top 5 mondial d’une courte tête devant la France, en nombre de sites. D’autres pays, comme l’Inde ou le Royaume-Uni, figurent devant l’Hexagone en nombre de certificats, mais pas en nombre de sites, un certificat pouvant couvrir plusieurs sites (58 467 en France). Dont le CNES, certifié AFAQ ISO 9001 et ISO 14001, par AFNOR Certification.
4. Management de l’environnement : incontournable ISO 14001
Le management environnemental, avec ISO 14001, conserve sa place de deuxième norme la plus génératrice de certificats dans le monde. 447 000 sites suivaient ses prérogatives en 2018, par exemple Orange France, doublement certifiée AFAQ ISO 14001 et ISO 50001 (voir point 5) par AFNOR Certification. « Je constate une progression du nombre d’organismes certifiés dans les secteurs de la construction, des services d’ingénierie, des technologies de l’information et de l’immobilier, détaille Anne Benady, qui suit la thématique Environnement pour le groupe AFNOR. Cela dénote une plus grande prise en compte de leurs impacts environnementaux… ainsi qu’une plus grande exigence de leurs donneurs d’ordres ! » En France, 6 084 certificats ISO 14001 étaient actifs au 31 décembre 2018, couvrant 19 468 sites
5. Management de l’énergie : résultats contrastés pour ISO 50001
Indirectement lié à la thématique environnementale, ISO 50001 et le management de l’énergie poursuivent leur progression continue à l’échelle mondiale. 46 000 sites sont désormais certifiés dans le monde, avec une dynamique portée par l’Allemagne (14 000) et la France (7 700). Côté secteur, c’est logiquement l’industrie – très énergivore – qui arbore le plus de certificats de cette nature, notamment les branches agroalimentaire, chimie et plasturgie.
Mais dans l’Hexagone, ISO 50001 marque le pas. Si 938 entreprises étaient certifiées en 2017, elles n’étaient plus que 770 en 2018 selon l’ISO (pour 7 700 sites au total, donc). Dont le fabricant d’extincteurs Desautel, à l’issue d’un audit d’AFNOR Certification, sur la version 2018 de la norme. « Cela peut s’expliquer par un effet d’aubaine, analyse Béatrice Poirier, responsable de la gamme Performance environnementale chez AFNOR Certification, qui croit à une prochaine recrudescence des certifications. Un pic a été atteint suite aux mesures réglementaires accordant un certain nombre d’exonérations aux entreprises sur présentation d’un certificat ISO 50001. Une fois certifiées, certaines ont fait le choix de ne pas poursuivre dans cette voie. Une décision malheureuse : nous venons de sortir une étude soulignant qu’un système de management de l’énergie bâti sur l’ISO 50001 présente des effets immédiats sur la consommation d’énergie en corrigeant des anomalies évidentes, mais aussi des effets sur le long terme en maintenant les efforts pendant plusieurs années.
Last but not least, 2018 restera aussi marquée par l’intérêt naissant pour ISO 37001, un nouveau référentiel anti-corruption pour l’application duquel 1 500 sites dans le monde se sont fait certifier (pour 389 certificats au total). Et par la bonne santé de la certification ISO 22000 sur la sécurité des denrées alimentaires, quatrième dans le hit-parade mondial, preuve de l’intérêt des professionnels pour cette thématique scrutée de près par les consommateurs (32 120 certificats dans le monde en 2018 dont 140 en France).
« Systèmes d’information : un vrai engouement pour ISO 27001 »
Michel Tudela, auditeur pour AFNOR Certification
« La prise de conscience de se faire certifier pour la sécurité des systèmes d’information est récente, mais puissante. Les récentes affaires de piratage de réseaux informatiques de grandes entreprises ou de vols de données consommateurs ont permis de braquer les projecteurs sur cet aspect crucial : les données ont de la valeur et tout le monde est concerné. L’écho donné à l’entrée en vigueur du RGPD (Règlement européen pour la protection des données) en mai 2018 a contribué à ce réveil collectif. Une excellente nouvelle pour la certification ISO 27001, dont les exigences reprennent pour grande partie celles du RGPD. Être certifié permet de tendre vers la compliance !
Il s’agit d’un texte très technique, qui balaie toutes les questions liées aux systèmes d’information dans les organisations. L’ensemble du parcours de l’information client et interne, son utilisation, les modifications qu’elle peut subir sont scrutés par cette certification qui s’appuie sur quatre piliers : disponibilité, intégrité, confidentialité et traçabilité. Cela explique l’engouement pour la certification ISO 27001 ces derniers mois. Aucun secteur n’y échappe. La maîtrise de l’information est partout. En garantir la protection s’impose comme un enjeu stratégique et économique. »
« SST : une prise de conscience pour ISO 45001 »
Béatrice Poirier, responsable de la gamme Performance environnementale chez AFNOR Certification
« Auparavant, la norme britannique OHSAS 18001 faisait référence en matière de santé et sécurité au travail. Mais depuis la publication d’ISO 45001 en mars 2018, les acteurs économiques se tournent clairement et massivement vers ce texte international. Cette norme s’appuie sur la même structure qu’ISO 9001 et ISO 14001 et s’inscrit dans une tendance mondiale de fond, avec la question émergente du bien-être au travail.
Au-delà du soin aux salariés, le sujet représente aussi un fort enjeu économique. Les entreprises l’ont bien compris : créer de bonnes conditions de travail et prévenir les accidents tout comme les maladies professionnelles est très rentable, comparé aux coûts générés par un arrêt de la production suite à un accident. L’ISO 45001 permet d’ancrer ces questions dans la culture de l’entreprise. Tous les secteurs sont concernés. Il en va de leur crédibilité et de leur image. C’est aussi une manière de préparer le futur : la certification pourrait un jour faire partie des prérequis pour répondre à un appel d’offres, par exemple. »