Des vacances à bon port avec « Ports propres »
Le 6 juin 2023, 24 ports de plaisance de Provence-Alpes-Côte-D’azur ont reçu la certification « Ports Propres » et « Ports engagés dans la biodiversité ». Ce signe de reconnaissance de bonnes pratiques écologiques leur a été remis lors d’une manifestation organisée par l’Union des ports de plaisance de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Monaco (Upaca, lire leur témoignage de 2019 ici) et le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
« La démarche a porté ses fruits, nous avons constaté un retour de la faune et de la flore dans les ports engagés », affirmait en 2019 Véronique Tourrel-Clément, déléguée générale de cette structure qui regroupe 135 ports et 60 000 anneaux.
Tout récemment, les ports de Mèze (Hérault) et Saint-Cast-le-Guildo (Côtes-d’Armor) ont aussi décroché le sésame. Aujourd’hui, AFNOR Certification, qui mandate un auditeur ou une auditrice auprès du port qui le demande, compte 73 ports propres certifiés comme tels et 35 avec une mention spéciale pour la biodiversité. Cette distinction aura encore plus de poids lorsque l’Organisation internationale de normalisation (ISO) en aura fait une norme volontaire, qui passera donc les frontières. Ce travail va se dérouler sous animation française.
A Bonifacio, un retour sur investissement incontestable
En Corse, Bonifacio a ouvert la voie. Certifié « Port Propre » depuis 2019 et « Port engagé dans la biodiversité » depuis 2020, le site a mené une démarche globale qui porte aujourd’hui ses fruits. « Il ne s’agit pas d’actions ponctuelles, mais d’une réflexion constante, sur la durée, en quête de cohérence et d’amélioration continue, souligne Michel Mallaroni, directeur du port de plaisance de Bonifacio, qui compte 350 anneaux et enregistre 11 000 escales chaque année. Cette volonté passe par la formation antipollution du personnel ou le choix d’un matériel plus respectueux de l’environnement ».
La remise de la certification AFAQ Port propre aux ports de l’UPACA le 6 juin 2023.
La démarche pousse les équipes du port à intégrer ces dimensions dans tous les projets menés dans une logique de fil rouge. « Cette stratégie imprègne notre développement et séduit les plaisanciers, les salariés mais aussi les administrés de Bonifacio, puisqu’il s’agit d’un port municipal, géographiquement situé au cœur de la ville. Des actions de sensibilisation, comme celle menée au printemps 2023 avec des coureurs au large, permettent de communiquer sur notre engagement. En termes de notoriété et de crédibilité, le retour sur investissement est incontestable » poursuit Michel Mallaroni.
Parmi les actions menées autour du pilier « biodiversité », le port s’est doté de nurseries artificielles sur ses pontons et de 14 coffres éco-conçus, destinés aux bateaux de plus de 24 mètres. « Concrètement, ces structures posées au fond de l’eau constituent des récifs artificiels dans lesquels la faune et la flore marines prolifèrent », explique Michel Mallaroni.
Cinq piliers pour une certification
Gestion des déchets, fuite depuis les aires de carénage, eaux usées… Les ports sont soumis à de nombreuses sources de pollution, sans parler des sources externes, comme les orages et les eaux venues du bassin versant… Pour de nombreux professionnels, s’emparer du sujet résonne comme une évidence. D’abord en raison d’une passion commune de la mer, ancrée chez tous les plaisanciers. Mais aussi pour une question d’image et de développement stratégique : des ports pollués et une mer sans biodiversité n’attireraient plus personne, ce qui signifierait la fin de leurs activités.
La certification « Ports propres » répond à cette attente. « La démarche repose sur une méthodologie robuste et des audits sur site. Ainsi, chaque année, l’auditeur AFNOR s’assure du respect des exigences et de l’amélioration des pratiques des ports certifiés », souligne Béatrice Poirier, responsable du pôle Transition écologique chez AFNOR Certification. Cinq étapes jalonnent le parcours des certifiés :
- Étude et diagnostic environnemental. État des lieux de l’existant, hiérarchisation des sources de pollution et programme d’actions pour améliorer la protection de l’environnement.
- Lutte contre les pollutions chroniques, c’est-à-dire les déchets liquides et solides produits par les activités portuaires et les usagers : traitement des eaux de carénages, de traitement des déchets spéciaux, de traitement des déchets ménagers, des eaux usées…
- Lutte contre les pollutions accidentelles (comme des barrages flottants ou absorbants contre une nappe d’hydrocarbures), économie d’eau et économie d’énergie.
- Formation du personnel portuaire à la démarche, tant théorique que pratique.
- Sensibilisation des usagers du port via des assemblées portuaires ou encore une signalétique nationale « Ports propres ».
Les ports certifiés peuvent ensuite compléter leur engagement avec la mention « Ports Propres actifs en biodiversité », avec des axes spécifiques à travailler, comme des aires de nidification pour les oiseaux, des hôtels à insectes ou des zones de reproduction pour la faune marine. « L’une des forces des référentiels ? S’adapter aux spécificités de chaque port, en prenant en compte ses contraintes, ses activités et ses enjeux, conclut Michel Mallaroni. Si la démarche reste volontaire, elle s’impose à nos yeux comme incontournable pour répondre aux enjeux non seulement des ports de plaisance, mais au-delà, de la mer dans son ensemble. »