Efficacité énergétique dans les bâtiments : la France peut-elle viser l’exemplarité ?
Olivier Peyrat, directeur général du groupe AFNOR, a répondu aux questions du magazine J3E spécial COP 21. Une interview fleuve disponible ici, où sont abordées les solutions proposées par les normes volontaires et la certification pour améliorer la performance énergétique des bâtiments.
J3E : En quoi le groupe AFNOR est-il profondément impliqué dans la performance énergétique des bâtiments ?
Olivier Peyrat – « Tout d’abord, rappelons qu’au sein du groupe AFNOR les activités de normalisation portées par l’association se situent historiquement aux côtés des acteurs de la construction ! Qu’il s’agisse de filtres à air, d’appareils sanitaires, de planchers, de compteurs à gaz ou d’électricité, toutes les composantes du bâtiment dans ses moindres éléments sont régies par des normes françaises, européennes ou internationales, élaborées par tous les acteurs concernés et destinées à émettre des recommandations de qualité, de sûreté de fonctionnement et de sécurité pour le consommateur. De même, les normes françaises de mise en œuvre des ouvrages NF DTU, les normes européennes sur les produits de construction ou normes d’aide à la conception des ouvrages (Eurocodes) font partie des règles de l’art depuis des décennies. Elles constituent des éléments de référence précieux pour les acteurs de l’acte de construire en tant que gages de qualité, de sécurité, d’aide à la mise en oeuvre des réglementations ou d’appui en termes d’assurance. L’intervention d’AFNOR n’est donc pas nouvelle et elle se veut proche des enjeux majeurs pour ces activités. »
Quelles seraient les conséquences, pour les professionnels français du bâtiment, d’être absents de la normalisation sur le thème de la transition énergétique ?
O. P. – « Revenons aux sources de la norme. Il convient en premier lieu de rappeler la distinction entre norme AFNOR et réglementation. Les normes AFNOR sont par essence d’application volontaire. Quelques-unes d’entre elles ont été rendues obligatoires par la réglementation. Mais 98 % conservent un statut volontaire et contractuel. Les normes constituent bien souvent une référence appréciée même en dehors des acteurs de la construction. Les assureurs en cas de sinistre, les magistrats en cas de litige n’hésitent pas à s’y référer. Elles sont donc tout à fait centrales pour le secteur de la construction.
Ainsi, le groupe de coordination « Performance énergétique des bâtiments » constitué au sein d’AFNOR a précisément reçu pour mission de proposer une organisation optimale du système français de normalisation pour traiter du thème de l’énergie dans le domaine de la construction. Cette mission a suscité la réorganisation de la commission de normalisation « Conception de l’environnement intérieur et performance énergétique des bâtiments » ( AFNOR/P529 ). Cette nouvelle organisation est désormais mieux à même d’aider les parties prenantes françaises à faire valoir au mieux leurs points de vue individuels et collectifs dans un contexte à la fois national, européen et international.
Se couper d’une telle réflexion, ce serait tout d’abord faire une impasse sur le plan des technologies, de la diffusion des innovations et de l’état de l’art, dans un domaine où les approches, les méthodologies ne sont pas toutes éprouvées et bougent très vite. Ce serait également renoncer à une certaine forme d’avantage compétitif aux niveaux européen et même international, à une stratégie nationale de normalisation puissante visant à préserver les intérêts collectifs français. Ce serait enfin jouer dans une cour restreinte, celle du strict marché national, alors même que la France, compte tenu de ses atouts dans le domaine de la performance énergétique, peut viser une certaine exemplarité ! »
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