Egalité femmes-hommes : une grande cause nationale donne naissance à une norme internationale
Dès 2021, la France avait publié les premiers travaux normatifs au monde en matière d’égalité femmes-hommes : c’était l’AFNOR Spec X30-020 . Depuis, trois ministères (Egalité entre les femmes et les hommes, Europe et affaires étrangères, Economie et finances) se sont coordonnés avec de nombreux autres acteurs, sous l’égide d’AFNOR, pour donner à ce guide de bonnes pratiques une envergure supérieure : une norme à portée internationale, toujours d’application volontaire.
C’est ainsi que l’égalité femmes-hommes a fait son chemin jusqu’à l’Organisation internationale de normalisation (ISO) pour donner naissance à un texte approuvé par plus de 60 pays : la norme volontaire ISO 53800, libellée NF ISO 53800 en France. Elle a pour titre exact « Lignes directrices relatives à la promotion et à la mise en œuvre de l’égalité entre les femmes et les hommes et à l’empouvoirement des femmes ». Un titre long car chaque mot compte, aux yeux des soixante pays présents autour de la table de la normalisation. Comme toutes les normes ISO, elle est d’application volontaire. Et précision importante : elle n’est pas certifiable. D’autres signes de reconnaissance existent à échelle nationale pour distinguer des bonnes pratiques d’égalité. Lisez notre FAQ ici .
ISO 53800 : une feuille de route listant une centaine d’actions
Le texte réserve une première partie aux définitions. Vient ensuite le cœur du sujet : ce sont les fameuses « lignes directrices » qui dessinent une feuille de route. Les soixante pages du document, articulées autour de ce qui ressemble bel et bien à un plan d’actions (pages 22 à 33 comprises), invitent le lecteur à s’interroger sur ce que son organisme a déjà mis en place – ou pas. Il serait facile de transformer cette norme en quiz, tant les questions qu’elle soulève sont précises et factuelles.
Cerise sur le gâteau, les annexes (15 pages) livrent une série de cas d’usage terrain. Entreprises privées (du grand groupe à la PME), publiques, collectivités locales, associations, établissements publics… Comme le dit la norme, « l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas une question réservée aux femmes et il convient que tout le monde et tous les organismes s’en préoccupent ». Niveau débutant accepté ! Et les plus confirmés y trouveront de quoi progresser encore. « Si on veut aller plus loin que les exhortations, les entreprises doivent faire leur part à travers leurs directions RH, RSE et toute leur gouvernance. Les normes internationales sont, à ce jour, le seul outil permettant de mettre les entreprises volontaires du monde entier, en mouvement, sur la base des meilleures pratiques recensées », commente Franck Lebeugle, directeur des activités de normalisation du groupe AFNOR.
ISO 53800 : un mode d’emploi en lien avec les ODD
Le texte apporte de l’aide pour se conformer à plusieurs des Objectifs de développement durable des Nations-Unies (ODD), en particulier à l’ODD n° 5, puisque 104 des 246 indicateurs de l’ONU ont des cibles liées au genre (source OCDE 2020). La norme ISO 53800 attaque le sujet de l’égalité femmes-hommes à travers la dimension interne de l’organisation, son activité et ses investissements, ses relations externes, ainsi que sa communication interne et externe. Elle ne couvre pas seulement la sphère professionnelle et aborde tous les aspects de la vie des filles et des femmes.
Cinq femmes sur dix dans le monde sont intégrées sur le marché du travail, contre neuf hommes sur dix. Une fois en poste, les femmes ne gagnent que 77 cents pour chaque dollar gagné par les hommes (source : UNWOMEN 2017). Encore un chiffre ? Selon les estimations de l’OMS, près d’une femme sur trois dans le monde déclare avoir été victime de violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie, sans compter les formes de violence psychologique, économique et sociale.
Regardez notre vidéo « Egalité femmes-hommes : ils ont conçu la norme volontaire ISO 53800 ».