Exosquelettes : un mode d’emploi pour évaluer l’interaction avec l’Homme
Les exosquelettes visent à réduire la charge physique des travailleurs. Mais leur utilisation est-elle sans risques ? Publié en mars 2017, l’accord AFNOR Z68-800 permet d’évaluer leur interaction avec l’Homme. Focus.
Utiliser un exosquelette est-il sans risques ? Ce n’est pas Robocop qui a la réponse, mais AFNOR : publié en mars 2017, l’accord AFNOR Z68-800 permet d’évaluer l’interaction de ce type de dispositif d’assistance avec l’Homme.
Pour mieux cerner les enjeux de ce premier document sur ce sujet, nous sommes allés à la rencontre de François Marsy, ingénieur-conseil dans les domaines de l’innovation et de la performance industrielle, et animateur du groupe de travail AFNOR « Dispositif d’assistance à contention (de type exosquelette) ».
Qu’est-ce qu’un exosquelette ? Quelle est son utilité ?
L’exosquelette est un dispositif d’assistance physique principalement utilisé pour seconder les professionnels dans leurs efforts. A l’inverse d’autres dispositifs d’assistance extérieurs, l’exosquelette est directement porté par l’opérateur. Ainsi, il épouse parfaitement ses gestes.
A ce titre, il figure parmi les solutions émergentes et innovantes pour améliorer les postures, réduire les sollicitations physiques et travailler dans de meilleures conditions. Bref, pour réduire la pénibilité au travail.
Poids, vibrations, adaptation au salarié… ce dispositif peut présenter certaines contraintes. Le remède pourrait-il être pire que le mal ?
La question des effets secondaires, voire néfastes, de l’exosquelette est une interrogation que se posent, à juste titre, les utilisateurs actuels et futurs.
Aujourd’hui, un exosquelette est utilisé, soit ponctuellement, soit pendant plusieurs heures d’affilée. Par exemple, dans le secteur du BTP, il est à disposition des opérateurs pour réaliser une tâche difficile. A contrario, dans les industries de production en série, les opérateurs sont souvent amenés à le porter pendant plusieurs heures.
Dans les deux cas, les différents acteurs ont exprimé le besoin de pouvoir mieux identifier les impacts (bénéfices et contraintes) d’un exosquelette sur celui qui le porte.
En vue de répondre à ces besoins, des experts, représentant les utilisateurs de différents domaines, le secteur de la santé au travail, ainsi que les concepteurs et intégrateurs d’exosquelettes, se sont réunis au sein d’un groupe de travail créé sous l’égide d’AFNOR. L’objectif premier a été d’analyser cette technologie émergente notamment sous l’angle de la santé. Car jusqu’à présent, la normalisation volontaire sur le sujet des exosquelettes ne couvrait que les aspects sécurité et performance.
Que propose l’accord AFNOR Z 68-800 publié en mars 2017 ?
C’est un mode d’emploi pour évaluer les apports et les contraintes de l’exosquelette.
Ainsi, il met à disposition de tout un chacun des outils et des aides méthodologiques pour évaluer l’usage de ce dispositif et son interaction avec l’Homme.
Les concepteurs de ces exosquelettes tout comme les futurs investisseurs et utilisateurs peuvent ainsi analyser l’impact du dispositif sur l’activité physique de l’opérateur (méthodes objectives), le ressenti et l’expérience de l’opérateur (méthodes subjectives). Ils pourront également anticiper les effets biomécaniques de ces exosquelettes sur les opérateurs, avant même leur mise en œuvre, voire avant leur fabrication (méthodes de simulation).
Par ailleurs, l’accord liste les différents paramètres de l’exosquelette à passer en revue et propose des recommandations quant à la manière de réaliser cette évaluation. Des cas d’usages représentatifs dans divers secteurs (BTP, automobile, armée, aéronautique, etc.) viennent illustrer ces recommandations. L’accord permet de partager les bonnes pratiques des professionnels et acteurs concernés.
Et surtout ce document définit un langage commun qui facilite les échanges entre les utilisateurs, concepteurs et fournisseurs.
Que faut-il prévoir avant d’équiper les opérateurs ? Comment évaluer l’usage de ce dispositif ? L’accord Z 68-800 permet de répondre clairement à ces questions jusqu’à présent sans réponses.
En quoi cet accord peut-il changer la donne sur le marché florissant des exosquelettes ?
Ce qui fait la force de ce document, c’est qu’en plus de servir de référence pour la conception d’un exosquelette, il fournit une aide précieuse à l’achat. Il faut l’avoir à l’esprit, à l’heure où cette technologie est en plein développement. Les utilisateurs sont avant tout industriels mais de plus en plus de secteurs expriment leurs attentes.
L’accord AFNOR tombe donc à point nommé ! En proposant des règles de l’art et un langage commun, la normalisation volontaire permet aux acteurs français d’être en avance de phase et de disposer d’outils clés.
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