Hydrogène vert : bien cadrer son projet territorial
La filière hydrogène est au menu du plan France 2030, que le président de la République a détaillé à l’automne 2021 dans le cadre de la relance économique. L’hydrogène est un vecteur d’énergie : une fois extrait d’une ressource locale, il peut être brûlé ou être utilisé dans une pile à combustible pour faire tourner un moteur électrique. Avantage : un bilan carbone quasi-nul à l’usage. Mais cet avantage ne s’applique qu’à trois conditions : le composé qui le renferme doit être dépourvu de carbone (comme l’eau) ou ne pas être d’origine fossile ; l’énergie nécessaire à son extraction être elle-même peu ou pas émettrice de carbone ; et les usages être voisins des sites de production, pour limiter le transport. Faute de quoi le bilan écologique s’alourdit et disqualifie l’hydrogène pour remplacer les modèles énergétiques centralisés et mondialisés de l’économie pétrole.
Une économie de l’hydrogène ne peut donc s’envisager qu’à l’échelle d’un petit territoire. Il fallait couler ces postulats dans le marbre d’un document de référence, et c’est ce que fait l’AFNOR SPEC M58-007 nouvellement publié par AFNOR. Sorte de norme avant la norme, ce guide propose une approche écosystémique et territoriale. « Il fallait un cadre méthodologique qui balaie l’ensemble du cycle de vie, de la production aux usages, qui pose les échelles et souligne la notion d’écosystème régénératif, avec distribution locale de la valeur ajoutée », résume Loïc Perrin, directeur scientifique d’H2X Ecosystems, société industrielle de développement bretonne qui a activement contribué à la rédaction du document sous l’égide d’AFNOR, par la voix de son P-DG Stéphane Paul.
La production par électrolyse de l’eau est recommandée
L’objectif est donc de présenter aux porteurs de projets, aux industriels et aux collectivités locales qui les accueillent, un ensemble de bonnes pratiques de nature à préserver l’avantage écologique de l’hydrogène sur toute la chaîne. Ainsi, la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau est privilégiée (à l’aide d’électricité décarbonée, par exemple des surplus d’électricité éolienne), par opposition à la production par réformage d’hydrocarbures. Cette production devra se faire là où se trouve le gisement d’électricité, en pleine campagne ou en bord de mer dans le cas des surplus d’électricité éolienne. Donc dans des territoires peu denses, aux besoins énergétiques réduits, ce qui exclut toute production de masse. « Les territoires ruraux sont autant concernés par l’hydrogène que les grandes métropoles », en déduit Loïc Perrin.
Dans le même esprit, les bonnes pratiques listées excluent l’injection de l’hydrogène obtenu dans les gazoducs internationaux à des fins de chauffage, pour préserver le caractère local du système. Et bien sûr, pas de projet hydrogène qui tienne la route sans valorisation des coproduits : oxygène, à la sortie de l’électrolyseur (par exemple pour un usage médical ou en station d’épuration d’eaux usées) et eau, à la sortie d’une pile à combustible. « La valeur créée doit revenir au territoire qui détient les ressources », souligne Loïc Perrin.