Le label anti-gaspillage alimentaire conquiert les vitrines
Neuf mois après son lancement au salon de l’Agriculture 2023, à Paris, le label anti-gaspillage alimentaire fait-il des émules parmi les acteurs de la distribution ? Réponse : pas encore. C’est un début : 31 établissements en étaient titulaires au 15 novembre 2023, une minorité au sein du réseau d’enseignes alimentaires sur le territoire, selon le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, qui porte ce projet gravé dans le marbre de la loi AGEC de 2020 (Anti-gaspillage et économie circulaire). La vague s’annonce plus massive en 2024.
La loi AGEC demande de réduire de moitié les tonnages gaspillés à partir de 2025 ou 2030 (selon les acteurs) par rapport à 2015. Car en France, le gaspillage alimentaire atteint des sommets : 9 millions de tonnes par an du producteur au consommateur, soir 30 kg par personne et par an ! AFNOR Certification figure parmi les organismes certificateurs habilités à délivrer le label – sur audit – aux premiers acteurs concernés : les enseignes de distribution, grossistes et métiers de bouche. Vous pouvez en faire la demande ici. Très bientôt, la restauration rejoindra ces professions, avec un référentiel adapté (lui aussi dans un format AFNOR Spec, en construction).
Anti-gaspillage alimentaire : 27 établissements exemplaires
« La démarche suppose d’agir sur trois piliers : approvisionnements et achats, commercialisation des denrées, gestion des invendus et des dons, avec à chaque fois une sensibilisation du personnel », détaille Béatrice Poirier, responsable de la gamme Performance énergétique environnementale chez AFNOR Certification. Il faut donc raisonner en système de management, une mécanique plus facile à dérouler si vous êtes déjà engagé dans une démarche ISO 9001 ou ISO 14001. La grosse majorité des établissements labellisés le font bien : la liste du ministère recense 27 magasins labellisés au niveau 3 (« exemplaire ») contre trois au niveau 2 (« maîtrise ») et un au niveau 1 (« engagement »).
La plupart rapportent une démarche « qui tombe sous le sens », avec des actions qui coulent d’elles-mêmes, « parfois des actions qui existaient déjà, mais qu’on a formalisées dans un document pour en maximiser l’effet », comme le décrit Karine Besse, responsable RSE de la Coop Atlantique, un réseau de 194 magasins répartis dans le centre-ouest de la France. Et des actions qui conduisent immanquablement à des économies sonnantes et trébuchantes : « 30 à 50 % chez nous, chiffre Dominique Combeau, directeur de l’Hyper U de Saint-Junien (Haute-Vienne). Sans parler des 80 000 euros d’impôts en moins ! Nous sommes passés de 10 tonnes de déchets à 2 tonnes en un an. » Parmi les solutions : l’envoi des fruits et légumes non commercialisables chez un éleveur de porcs, des produits carnés chez un éleveur de chiens. Et, comme beaucoup d’autres enseignes, le référencement du magasin dans une application de vente des invendus à petit prix le matin pour le soir, ici Phénix.
Stéphane Dolique, évaluateur pour AFNOR Certification, confirme que la démarche donne lieu à une grande satisfaction dans les magasins où il se rend en mission. Seul point faible : « De nombreux candidats sous-estiment au départ l’importance de se doter d’un outil informatique dédié », dit-il. Ce qui, parfois, mérite de s’adjoindre les services d’un consultant. Le retour sur investissement n’en sera que meilleur. Rappel : l’audit de suivi a lieu douze mois après l’audit d’évaluation initial (à distance), et l’audit de renouvellement trente-six mois après. Retrouvez ici le replay de la web-conférence AFNOR Certification du 24 novembre 2023 faisant témoigner des enseignes labellisées.