Santé et bien-être : quand forme rime avec norme
C’est fait : après plus de deux ans de travaux, sophrologues et ostéopathes disposent aujourd’hui de leur première norme volontaire : NF S99-805 pour les premiers, NF S99-806 pour les seconds. Elles partagent des bonnes pratiques et proposent des méthodes communes, gommant ainsi les disparités entre praticiens.
La sophrologie reste une discipline non reconnue par le ministère de la Santé, mais elle entretient un lien étroit avec notre système de soins. Il en va de même pour l’ostéopathie. À ce jour, aucune étude officielle ne prouve l’efficacité et les bienfaits de la sophrologie. Pourtant, de plus en plus de professionnels de la santé sont prescripteurs et s’accordent à dire qu’un patient accompagné en sophrologie est plus enclin à accueillir soins et traitements. Parmi les champs d’application les plus courants : le contrôle de la douleur, la gestion du stress, la préparation mentale. « La sophrologie épouse les enjeux sociétaux. Certains praticiens choisissent même de visiter des milieux carcéraux pour accompagner les détenus à vivre de façon constructive leur temps de détention», expose Olivia Roux, présidente de la Fédération des écoles professionnelles en sophrologie (FEPS).
Qualité de service en sophrologie : une liste de bonnes pratiques
Il y a quelques années, la profession a ressenti le besoin de se doter d’outils normatifs pour définir des bonnes pratiques et ainsi mettre l’accent sur la qualité de soins. Nous vous le présentions ici. Attention : nous parlons ici de normes volontaires, de standards, pas de mesures réglementaires édictées par les pouvoirs publics.
La norme est en effet d’une aide précieuse pour, dans ce cas précis, définir clairement ce qu’un sophrologue peut faire ou pas et prévenir la profession d’éventuelles dérives, à commencer par le fait qu’un sophrologue ne pose aucun diagnostic, ni même ne touche son patient. Comme il existe beaucoup de controverses, tant la pratique compte de courants idéologiques différents depuis sa fondation en 1960, il était nécessaire de fédérer l’ensemble des acteurs. « Cela n’a pas été simple mais nous y sommes parvenus, explique Olivia Roux, pour la FEPS, l’un des acteurs représentés autour de la table de la normalisation. J’avoue avoir eu moi-même quelques réticences quand j’ai rejoint la commission animée par AFNOR. Mais au fil de l’avancement des travaux, j’ai vu que la norme nous aiderait à fortifier notre maillage. Et cela, afin d’apporter une dimension plus nette du métier, plus affirmée. Ce référentiel raconte comment passer d’une méthode à une profession. »
Ainsi est née la norme NF S99-805. Une norme à voir aussi comme la première marche d’une réflexion globale qui se poursuivra vers d’autres travaux communs, dont la durée de formation des sophrologues. En effet, ce sujet reste un point de désaccord entre professionnels, dont les modules de formation peuvent varier d’une semaine à… deux ans ! En attendant, la norme joue son rôle de guide, de concentré de bonnes pratiques, faisant apparaître, pour qui s’y conforme, une notion d’engagement proche du serment.
La reconnaissance des publics
Même connotation à propos de la nouvelle norme NF S99-806 écrite par et pour une autre famille gravitant autour des métiers du soin : les ostéopathes. « La demande de cette profession ‘sans ordre’ était de construire une base référente reprenant l’ensemble des règles acceptées par les praticiens soucieux d’appliquer la norme », décrit Yves Lecointe, président de la commission de normalisation AFNOR qui a réuni fédérations, syndicats et écoles. Et cela, en complément d’une première norme européenne publiée en 2015, NF EN 16686, orientée qualité de service.
Le principe de la contribution du patient dans la relation y est repris et tout a été explicité : consentement, prise en charge, confidentialité du dossier, protection des données, mais aussi tenue du lieu où l’on pratique. Définir l’exercice de la profession, c’est énoncer également ses limites, comme le fait que l’ostéopathie n’est pas un commerce et que l’ostéopathe ne peut utiliser son titre pour des pratiques mercantiles, comme la revente de produits en rapport avec la santé, les soins ou le bien-être (compléments alimentaires ou autres). Bref, un document écrit dans l’esprit d’une charte, pour asseoir le sérieux, la qualité et la crédibilité d’une profession en lien avec le corps médical et les autres professions de santé. Un grand pas vers la reconnaissance : celle des patients, qui y voient un gage de sérieux ; celle des pouvoirs publics, qui ont un droit de regard sur l’agrément des écoles ; celle des organismes d’assurance maladie complémentaire, dont certaines acceptent, depuis plusieurs années, le remboursement d’une ou plusieurs séances par an.
Les chirurgiens-dentistes bienvenus à la table de la normalisation
Vue comme un moyen de standardiser les pratiques, la norme volontaire est un outil utile pour les professionnels du bien-être, mais aussi pour le monde paramédical et les professionnels de la santé eux-mêmes. C’est notamment le cas de la médecine bucco-dentaire, dont le travail normatif recèle des richesses insoupçonnées. La commission de normalisation qui les accueille a produit de nombreuses normes utiles au quotidien des dentistes et à celui de leurs équipementiers et fournisseurs. Parmi les experts autour de la table : le docteur Kazutoyo Yasukawa, chirurgien-dentiste hospitalo-universitaire convaincu des bénéfices des normes. « Cela va de la variation de pH sur les produits d’éclaircissement dentaire à l’efficacité des systèmes d’attachement sur les têtes de brosses à dents électriques, en passant par les produits servant à réaliser les empreintes, et même la terminologie pour les données bucco-dentaires de la médecine légale. La liste des sujets est longue et la norme sécurise dit-il. Nous avons besoin d’une position commune forte pour défendre des pratiques de qualité, avec des matériaux et dispositifs de qualité, pour la sécurité de tous nos patients. » Intéressé ? Contactez Anne Girard ou Laura Pezet chez AFNOR.
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