Souveraineté économique : dites-le avec le label Origine France Garantie
Pendant la crise sanitaire, le souhait de consommer des produits locaux s’est renforcé. Beaucoup plus précis que la mention « made in France », le label Origine France Garantie (OFG) constitue un gage de sécurité et de qualité qui séduit de plus en plus d’entreprises et leurs clients. Notamment dans le secteur du matériel médical. Un mouvement qui devrait accompagner l’après-Covid-19 et rejoint l’idée de souveraineté économique promue par l’Elysée.
Relocaliser la production, réduire l’impact environnemental, consommer français… Avec l’affaire des masques commandés en Asie, pour pallier l’absence de stocks et l’inertie de l’appareil productif local, la crise sanitaire de ce printemps 2020 a donné un coup de fouet à ces tendances qui émergeaient déjà. De même, le confinement a poussé les consommateurs privés de possibilité de se déplacer à se fournir en produits fabriqués près de chez eux et livrés à domicile, en circuit court.
Fin avril 2020, deux études l’ont confirmé : selon 42 % des personnes interrogées, l’une des mesures prioritaires des entreprises devrait être de relocaliser leurs usines et leur production en France[1]. Et pendant le confinement, les Français ont privilégié à 45 % les produits d’origine France, à 37 % les produits frais et ceux issus de circuits courts[2]. Dans ce contexte, le label Origine France Garantie (OFG), créé en 2011 par l’association de chefs d’entreprise Pro France, prend encore plus de sens. Comme le précise Khadim Sambé, ingénieur commercial chez AFNOR Certification, qui distribue le label sur audit, « depuis six mois, les demandes de labellisation ont explosé et celles qui sont parvenues chez nous ont crû de 20 % depuis mars dernier ».
Label Origine France Garantie : un avantage concurrentiel
Le secteur de la santé et du soin, en prise directe avec l’affaire du covid-19, est parmi les premiers à jouer sur cette corde. Ainsi, chez Novacel, une entreprise qui produit des verres de prescription ophtalmiques à Château-Thierry (Aisne), on fabrique 100 % français depuis sa création en 1994. « Nous avons obtenu le label OFG en 2015, explique Roberto D’Agostino, directeur RH et responsable de la qualité et des certifications. Et nous allons même au-delà, puisque toute notre activité se situe en France, un critère non pris en compte par le label. Ce dernier prouve à nos clients opticiens et aux porteurs de lunettes que nos verres sont bien fabriqués ici. C’est un réel avantage concurrentiel ! » Le label OFG garantit que le produit « prend ses caractéristiques essentielles en France » et que « au moins 50 % de son prix de revient est français ».
Le label offre un réel avantage concurrentiel
Roberto D’Agostino, directeur RH et responsable de la qualité et des certifications chez Novacel Optical
Même son de cloche chez HMS-VILGO, fabricant de matériel médical : « HMS a été labellisée en 2014, suivie de VILGO un an plus tard, précise Frédérick Jude, directeur général de VILGO. En dépit d’un déficit de communication, ce label est reconnu et sérieux. Sa difficulté d’obtention et les contraintes qu’il représente le prouvent. » Pour le Dr Renaud Boisseau, responsable chimie analytique de Lips France, un fabricant d’e-liquides pour cigarettes électroniques labellisé en 2019, « le made in France signifie tout et son contraire, alors que le label OFG suppose d’être conforme à des critères précis, aux antipodes d’une auto-déclaration. C’est un gage plus fort de qualité et de sécurité ». Les clients ne s’y trompent pas, dans un marché de la vape inondé par les produits de Malaisie et des États-Unis — un pays marqué par des hospitalisations et des décès de vapoteurs ayant utilisé des produits issus du marché noir.
Des e-liquides au gel hydroalcoolique
Pendant la pandémie de Covid-19, de nombreuses entreprises du secteur du matériel médical ont été sollicitées pour fournir des équipements en urgence. Le label Origine France Garantie est alors apparu comme un gage de confiance et de réactivité. « Les trois premières semaines ont été très tendues chez HMS-VILGO, témoigne Frédérick Jude. Malgré deux mois de stocks d’avance, il manquait toujours quelque chose : tables à manger, porte-sérum à roulettes, etc. Pour satisfaire les besoins en lits, il a fallu travailler sept jours sur sept. »
Un label reconnu et sérieux
Frédérick Jude, directeur général de VILGO, fabricant de matériel médical
Réactivité, mais aussi adaptabilité : voyant venir la pénurie, de nombreux industriels ont converti leur outil de production pour fabriquer du gel hydroalcoolique, et le label OFG a crédibilisé leur démarche. « Nous avons aussi mis au point puis fait labelliser OFG un distributeur de gel hydroalcoolique doté d’un système inversé, compatible avec tous les contenants », témoigne Frédérick Jude, chez HMS-VILGO. Chez Lips France, dès le 16 mars, la production d’e-liquide a été a été substituée à 85 % par celle de gel hydroalcoolique. Un produit lui aussi labellisé OFG deux mois plus tard. « Les demandes se sont multipliées et le rythme est devenu très intense, entraînant le passage en 3 x 8, des recrutements, une forte réactivité, raconte Renaud Boisseau. Nous avons fourni du gel hydroalcoolique à 302 pharmacies, 21 Ehpad, deux hôpitaux, dix mairies et trois ministères, sans oublier des milliers de particuliers partout en France ! »
Le label suppose d’être conforme à des critères précis
Renaud Boisseau, responsable chimie analytique de Lips France, un fabricant d’e-liquides pour cigarettes électroniques
Du côté de Novacel, l’activité a repris le 27 avril en toute sécurité, et les arguments de réassurance avancés pour le label OFG ont été remis sur la table pour demander un autre signe de confiance : le label Vérification des mesures sanitaires Covid-19. « Nous l’avons obtenu le 28 mai 2020, avec une conformité sur 99 % des critères, annonce Roberto D’Agostino. L’entreprise est la deuxième en France et la première dans le secteur de l’optique à l’avoir obtenu. »
Origine France Garantie : un élément de souveraineté économique
Le label OFG saura-t-il surfer sur la vague de la relocalisation de l’économie et entrer dans le cadre du pacte de souveraineté économique esquissé par le président de la République dans son allocution du 14 juin ? Des regroupements d’entrepreneurs, tel Savoir Faire Ensemble, le pensent. Pour Renaud Boisseau, « le label rassure nos clients, qui savent qu’on trouve de tout sur notre marché. La fabrication en France va devenir un critère de sélection ». De son côté, Roberto D’Agostino souligne le choix de chacun de prendre ou pas le risque d’acquérir des produits venus de l’autre côté de la planète : « Les consommateurs ont de moins en moins envie d’acheter chinois. Ils savent que leur choix peut aider l’économie française à redémarrer », soutient-il Cependant, attention aux bonnes intentions non suivies d’effets ! Comme le rappelle Frédérick Jude, « sans volonté politique, cela ne marchera pas » !