Systèmes de management certifiés : les 3 tendances fortes en 2020
Comme tous les ans à l’automne, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) propose une estimation du nombre de certificats actifs, dans le monde, pays par pays et secteur par secteur, distinguant les entreprises ayant déployé des systèmes de management basés sur 12 grands référentiels internationaux. Au 31 décembre 2020, c’est sur le thème de la santé sécurité au travail (ISO 45001) que les chiffres détonnent le plus par rapport à un an plus tôt. Y compris en France. Deux autres tendances émergent.
Le boom de la santé sécurité au travail
C’est la star de l’ISO Survey 2020, ce recensement annuel des entreprises ayant déployé et fait certifier leur système de management : la certification ISO 45001, qui récompense les systèmes de management conformes à la norme ISO 45001 sur la santé sécurité au travail (SST), apparaissait sur la devanture de 190 429 entreprises dans le monde au 31 décembre 2020. C’est cinq fois plus qu’un an plus tôt. Le phénomène s’observe aussi en France : 1 385 certificats actifs au 31 décembre 2020, contre 524 un an plus tôt. Ce triplement se retrouve sur le nombre de sites couverts par un certificat (un certificat pouvant couvrir plusieurs sites d’une même entreprise) : 5 034 fin 2020 contre 1 523 fin 2019.
L’explication est simple : apparue seulement en 2018, la norme ISO 45001 se diffuse maintenant dans le tissu économique et les entreprises commencent à se l’approprier massivement, en lieu et place du référentiel de santé sécurité au travail qui faisait autorité jusqu’alors : l’OHSAS 18001. « À ce jour, 85 % des entreprises françaises que nous avions certifiées OHSAS 18001, principalement dans le BTP et l’industrie, ont basculé vers l’ISO 45001. On avait à peu près le même pourcentage à quelques semaines de l’échéance pour la transition vers la version 2015 des normes ISO 9001 sur la qualité et 14001 sur l’environnement », indiquait Béatrice Poirier, cheffe de produit AFAQ ISO 45001 chez AFNOR Certification, le 30 septembre 2021, jour où les derniers certificats OHSAS 18001 ont perdu leur validité.
En 2020, la thématique de la SST a aussi eu pour elle l’effet covid-19 : entre confinements, gestes barrières et dégâts psychologiques du tout-à-distance, la santé s’est fait une place de choix dans le monde du travail, obligeant les entreprises à l’envisager sous un angle plus global que sous celui de l’accidentologie et des troubles musculo-squelettiques bien connus dans le monde de l’industrie. Fait à noter : la certification ISO 22301, couvrant le management de la continuité d’activité, n’a pas suivi le même chemin que l’ISO 45001, alors que l’année 2020 a constitué un summum en termes de perturbations, et a montré que s’organiser pour y faire face était une question de survie. Enfin, l’appétence pour la sécurité au travail s’étend à la cybersécurité : les certifications ISO/IEC 27001 sur le management de la sécurité de l’information sont en hausse de 11 % en France et de 22 % dans le monde.
La sectorisation de la qualité
Deuxième grande tendance de cet ISO Survey millésime 2020 : la course à la qualité ne se mesure plus seulement au nombre de certificats ISO 9001 et au nombre de sites couverts, mais doit aussi être appréhendée à la lecture des chiffres propres à d’autres référentiels : ISO 22000 (sécurité des aliments), ISO 13485 (dispositifs médicaux), ISO/IEC 20000-1 (services informatiques), mais aussi d’autres référentiels distincts de la famille ISO (et donc non couverts par l’étude) comme IATF 16949 dans l’automobile, EN 9100 dans l’aéronautique ou IRIS TS/22163 dans le ferroviaire.
En France, le nombre de certificats ISO 13485 actifs au 31 décembre 2020 a ainsi cru de 19 %. Une croissance qu’on retrouve au niveau mondial (plus de 25 000 certificats couvrant plus de 35 000 sites) et qui s’explique par un contexte réglementaire porteur : l’entrée en vigueur du règlement européen UE 2017/745 sur les dispositifs médicaux, le 26 mai 2021. Fort d’un référentiel révisé deux ans plus tôt, l’ISO 22000 signe aussi un beau succès, avec 804 certificats actifs, 300 de plus qu’un an plus tôt. En France toujours, le référentiel d’Etat Qualiopi proposé aux organismes de formation continue (au nom duquel il faut se faire certifier avant janvier 2022 pour demeurer sur le marché régulé avec financements paritaires) a ainsi donné lieu à plusieurs milliers de certificats, alors que globalement, le parc de certificats ISO 9001 stagne. En l’espèce, la France reste à la 8e place d’un hit-parade mondial tiré par la Chine.
Un certificat pour plus de sites
Troisième grande tendance de cet ISO Survey millésime 2020 : la rationalisation. Un certificat couvre de plus en plus de sites. A l’image du référentiel ISO 14001 en France, qui ne donne pas lieu à davantage de certifications qu’en 2019 (seulement 56 de plus) mais à des certifications couvrant trois fois plus de sites (1 certification pour 3 sites en 2019, 1 pour 9 en 2020). « Les grands groupes qui, à une époque, avaient opté pour des certifications site par site, regroupent depuis maintenant leurs certificats et optimisent les audits, analyse Vincent Gillet, secrétaire général adjoint d’AFNOR. Les systèmes de management intégrés ont été promus depuis de nombreuses années. Cela a comme effet de regrouper sous une seule démarche de certification plusieurs thématiques (qualité, sécurité, environnement, regroupés en QSE), mais aussi d’intégrer des différents SMQ qui pouvaient exister au sein d’un même groupe. »
Une tendance qu’il faut toutefois nuancer de par l’effet covid : si en 2020, toutes les certifications n’ont pas réédité leur croissance d’un an plus tôt, c’est aussi parce que, tout simplement, les entreprises qui voulaient demander la leur (soit en audit initial, soit en renouvellement) ne l’ont pas fait, à cause des mesures sanitaires qui ont limité la possibilité pour un auditeur de se rendre sur site. Et cela, malgré les dispositions prises par les organismes certificateurs pour proposer des formules à distance.
Résultats de l’ISO Survey 2020 (©Getty Images/Nitat Termmee)