Imaginée au début des années 1970, la notion de développement durable apparaît pour la première fois officiellement en 1987 dans le rapport « Brundtland », commandé par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, instance de l’ONU alors présidée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland. Il énonce ceci : « le développement durable répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Il pose l’idée que les ressources naturelles ne sont pas inépuisables et qu’il est nécessaire de préserver la planète. A ce pilier environnemental s’ajoutent deux autres piliers : le pilier social et le pilier économique.
En 1992, le sommet de la Terre des Nations-Unies, à Rio de Janeiro, va plus loin et introduit une dimension plus économique dans le concept, pour impliquer d’autres types d’acteurs que les ONG. Cette événement fondateur donne naissance à trois traités internationaux :
La première, la plus connue, donne le cadre pour des négociations multilatérales annuelles : les COP (Conferences of the parties). En 1997, la COP 3 débouche sur le protocole de Kyoto, et en 2015, la COP 21 sur les Accords de Paris sur le climat. Le Sommet de 1992 sera suivi du Sommet Rio + 10 à Johannesbourg, en 2002, et du Sommet Rio + 20, en 2012, à nouveau à Rio.
Au fil des années, le développement durable n’a cessé de se renforcer, de s’outiller et de se doter d’indicateurs ou de normes volontaires pour bâtir, conduire et évaluer les politiques mises en place. C’est le cas de la norme ISO 14001, qui peut conduire à la certification du même nom, ou encore de l’ISO 26000.
Plus récemment, l’ONU a adopté 17 objectifs pour l’humanité et la planète. Ces objectifs de développement durable (ODD) visent à éliminer la pauvreté, protéger la planète et améliorer le quotidien de tous les citoyens du monde à l’horizon 2030. Les ODD sont à décliner dans les politiques RSE des entreprises et organisations.
Toujours plus nombreux et ambitieux, les enjeux du développement durable nécessitent une expertise professionnelle. Depuis vingt ans, des métiers se créent et se structurent.
Il s’agit en premier lieu des responsables RSE ou responsables développement durable. Ils pilotent la démarche RSE mise en place par l’entreprise ou l’institution et veillent à son application. Ce rôle de gouvernance doit aussi leur permettre de vérifier l’efficacité des politiques déployées, à l’aide d’indicateurs soigneusement choisis, en utilisant des outils de mesures pertinents et en s’appuyant sur des organismes de certification et de normalisation.
Le métier d’éco-concepteur apporte aux entreprises une compétence essentielle à leur approche écologique. En bureaux d’étude ou en service de R&D, les professionnels de l’éco-conception jouent un rôle de conseil et d’accompagnement pour élaborer des produits ou des services qui réduisent au maximum l’impact sur l’environnement. Ingénieurs, experts, chefs de projet… Les métiers de l’éco-conception exercent dans de nombreux secteurs d’activités avec une forte valeur ajoutée dans l’industrie. Ils doivent dialoguer en permanence avec le marketing.
Le développement durable ouvre aussi la voie à d’autres fonctions : responsables HSE/QSE, juristes du droit de l’environnement, chargés de communication spécialisés dans les questions environnementales, ingénieurs dans le domaine des énergies renouvelables, etc.
Le développement durable est un concept holistique ; la RSE en est une déclinaison pour une catégories d’acteurs : les entreprises. D’où le E de RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Le sigle est d’ailleurs parfois muté en RSO, pour responsabilité sociétale des organisations. En France, la notion de responsabilité est encore plus poussée depuis la loi PACTE, qui crée le concept d’entreprise à mission.
Ainsi, comme le « DD », la RSE s’articule autour de trois piliers : social, économique et écologique. Plus que le développement durable, qui reste très associé à la crise écologique, la RSE soigne tout particulièrement le pilier social, autour des notions d’ancrage territorial, de bien-être au travail, d’égalité, de diversité et de probité. La RSE est aussi liée de près à la notion de reporting extra-financier, autour des critères ESG (environnement, social, gouvernance), et doit faire le jeu de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Le déploiement d’une politique de RSE implique l’ensemble des services de la structure, à tous les niveaux de l’organigramme, afin d’activer tous les leviers possibles et d’avoir un bon niveau d’adhésion des parties prenantes. Différents référentiels facilitent la construction, le suivi et l’évaluation d’une démarche de RSE. C’est le cas de la norme volontaire ISO 26000 : elle donne des lignes directrices pour mener des actions concrètes et pertinentes en faveur du développement durable, avec une approche en 7 piliers.
L’entreprise peut aussi définir des actions de RSE à partir des Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU.
Littéralement, le concept de développement durable est avant tout une représentation de la crise écologique : il repose essentiellement sur des objectifs environnementaux, proposant de « répondre aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».
Peu à peu, la notion s’est élargie pour intégrer une dimension économique et une dimension sociale. Mais l’environnement reste au cœur du développement durable. La preuve : les Objectifs de développement durable (ODD), adoptés par les États membres de l’ONU en 2015, font la part belle aux questions écologiques : eau potable et assainissement, vie aquatique, énergie propre, etc. Plusieurs ODD sont directement liés à la préservation de la planète et de ses ressources. Si ces objectifs ne sont pas contraignants, ils s’intègrent parfaitement dans les démarches RSE des entreprises et organisations.
Dans le même esprit, les collectivités peuvent faire le lien entre développement durable et environnement autour du concept de ville durable. Même si d’autres critères – comme la cohésion des territoires – s’y inscrivent, l’écologie et la préservation des ressources restent le cœur de ces démarches menées à l’échelle territoriale.
Un développement durable suppose de mettre fin à un modèle d’économie linéaire, basé sur la logique extraire-produire-consommer-jeter, pour passer à une économie circulaire, moins prédatrice de ressources naturelles, réduisant le gaspillage et transformant les déchets en ressources.
L’économie circulaire s’intègre donc pleinement dans le concept de développement durable, sans se réduire au recyclage. La norme XP X30-901 préconise d’appréhender le sujet avec une matrice 3×7, reprenant les trois dimensions du développement durable (environnement, économie, sociétal) et les sept domaines d’action de l’économie circulaire :
De nombreux labels, normes et référentiels existent autour du développement durable. Ils donnent encore plus de sens aux démarches RSE des entreprises en leur permettant de parler le même langage, d’utiliser des indicateurs communs pertinents et de valider les actions déployées. En matière de développement durable, ces standards apportent un cadre précis autour des exigences à respecter en matière de protection de l’environnement. On parle ici de normes volontaires, et non de mesures coercitives ici du corpus législatif et réglementaire national ou européen.
Parmi les normes ISO les plus connues : l’ISO 14001, pour mettre en place, suivre et certifier un système de management environnemental (SME). Il donne les moyens de s’organiser pour suivre l’impact environnemental des activités de l’entreprise, en mode amélioration continue, et mesure l’efficacité des actions mises en place.
Autre norme volontaire incontournable : l’ISO 26000. Publiée en 2010 et entrant bientôt en révision, elle fournit une grille de lecture universelle des enjeux de développement durable pour bâtir une démarche RSE 26000 solide, qui ne laisse rien de côté. Elle est à la portée de tout type d’organisation qui souhaite s’engager dans une démarche de développement durable. Début 2020, la filière agroalimentaire l’a déclinée en une norme spécifique : ISO/TS 26030.
Sur l’économie circulaire, les professionnels réunis en commission de normalisation AFNOR ont élaboré la norme XP X30-901, publiée en octobre 2018. Elle donne aux entreprises une grille de lecture du sujet, en reprenant les trois piliers du développement durable et les sept entrées de l’économie circulaire. Autre texte de référence français : la norme NF X30-264. Elle offre une méthodologie pour déployer une démarche d’écoconception, avec des produits et services qui réduisent au maximum leur impact sur l’environnement.
Plutôt que de proclamer qu’elles sont exemplaires en matière de développement durable, entreprises et organisations peuvent faire vérifier leur efficacité par un organisme tiers certificateur, qui viendra chez elles le constater avec objectivité et impartialité. Une bonne solution pour ne pas être accusées de greenwashing !
L’organisme tiers certificateur auscultera les actions et le management en suivant la grille de lecture fournie par la norme volontaire ISO 26000 et, en filigrane, les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations-Unies. AFNOR Certification le fait sous la forme d’une évaluation conduisant au label Engagé RSE. Elle peut aussi accompagner les entreprises d’un même secteur d’activité pour construire leur propre référentiel, inspiré d’ISO 26000, avec label sectoriel à la clé. AFNOR Certification accompagne ainsi des fédérations professionnelles dans le cadre d’un partenariat avec la Plateforme RSE du gouvernement.
Publiée en 2010 par l’Organisation internationale de la normalisation (ISO), la norme volontaire ISO 26000 a été élaborée en concertation avec près de 90 pays à travers le monde. Elle s’adapte à tout type d’organisation qui souhaite s’engager dans une démarche de développement durable, en fournissant une grille de lecture à sept entrées :
ISO 26000 donne ainsi des lignes directrices pour appréhender le sujet du développement durable de manière commune. Le référentiel offre plus de 450 recommandations autour des principes et questions liées à la responsabilité sociétale pour que les entreprises y contribuent activement.
Bien que publiés postérieurement, tous les Objectifs de développement durable de l’ONU peuvent être travaillés grâce à l’ISO 26000. La correspondance entre ISO 26000 et ODD est d’ailleurs au menu des travaux de révision de la norme, dont le coup d’envoi a été acté en 2020.
Adoptés par l’Assemblée générale des Nations-Unies en 2015 pour succéder à l’Agenda 21 de 1992 puis aux Objectifs du Millénaire, les Objectifs de développement durable (ODD) consistent en un programme de développement respectueux de l’humain et de la nature à échéance 2030, et décliné en 17 cibles :
États, entreprises, collectivités, ONG, citoyens… Tous les types d’acteurs sont invités à faire référence aux ODD et à bâtir leurs démarches de RSE ou leur politique de développement durable autour d’eux. La norme volontaire ISO 26000 est pour cela un moyen pratique et reconnu.
Pour l’ADEME, l’économie circulaire « désigne un modèle économique dont l’objectif est de produire des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation et les gaspillages de ressources (matières premières, eau, énergie) ainsi que la production des déchets. Il s’agit de rompre avec le modèle de l’économie linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter) pour un modèle économique circulaire ».
En prolongeant la durée d’usage des produits, en privilégiant la réutilisation ou encore en développant la valorisation et le recyclage des déchets, l’économie circulaire défend un fonctionnement en cycle fermé, respectueux des ressources naturelles et limitant le gaspillage. La norme volontaire XP X30-901 propose une lecture du sujet en 7 entrées :
Valorisation des déchets, écoconception des produits, lutte contre le gaspillage alimentaire… Les exemples d’actions qui adoptent le principe d’économie circulaire sont de plus en plus nombreux. La prise de conscience des entreprises est double : elle repose à la fois sur l’idée de préserver notre environnement mais aussi de réaliser des économies substantielles. Pour y parvenir, entreprises et collectivités doivent intégrer un nouveau paradigme et changer de modèle économique. Elles passent de l’économie linéaire à l’économie circulaire. Un changement de cap et de stratégie qui nécessite réflexion et accompagnement.
Pour réussir sa démarche d’économie circulaire, il est recommandé de s’appuyer sur des normes volontaires, et de faire reconnaître la solidité de sa démarche à l’aide d’une certification. AFNOR Certification propose ainsi une évaluation AFAQ Économie Circulaire, fondée sur la norme XP X30-901. Elle permet de valider la capacité de l’organisation à déployer et faire vivre dans le temps un projet d’économie circulaire qui réponde aux 3 enjeux du développement durable et à ses 7 domaines d’action.
On trouve les métiers liés à l’économie circulaire dans trois domaines :
Pour la partie écoconception, ce sont principalement des métiers d’ingénieurs, d’éco-concepteurs ou d’éco-designers qui sont recherchés, avec pour mission d’évaluer et concevoir des produits et solutions techniques qui parviennent à limiter l’impact environnemental. Un expertise des analyses de cycle de vie (ACV) est exigée.
Dans la réflexion des entreprises pour migrer vers un modèle d’économie circulaire, des personnes sont formées et des référents désignés : chef de projet, directeur, manager stratégique fixent les orientations de l’entreprise et dialoguent avec les sous-traitants.
Pour la valorisation des déchets plastiques ou du bâtiment, les métiers d’opérateurs ou d’agents de tri exercent dans des centres de recyclage pour trier, conditionner et revendre les matériaux collectés.
De nombreux autres métiers associés à l’économie circulaire contribuent chaque jour à professionnaliser la filière. C’est le cas des métiers du réemploi et de la réutilisation, souvent affiliés à l’économie sociale et solidaire (ESS), de la sensibilisation à l’économie circulaire ou de la méthanisation agricole.