Structurer un projet d’économie circulaire

« Il faut être carré pour bâtir une économie vraiment circulaire »

L’économie circulaire est un concept reposant sur l’idée d’en finir avec l’économie linéaire et son triptyque produire-consommer-jeter. Dépassant le seul sujet de la gestion des déchets, il a été popularisé par différents mouvements et organismes, comme l’Institut de l’économie circulaire (INEC) ou l’association OREE . En 2022, 87 % des français déclarent d’ailleurs préférer acheter des produits d’entreprises appliquant des principes de l’économie circulaire (Source : MediaConnect).

L’économie circulaire semble une voie d’avenir évidente, à tel point qu’on s’imagine que tout est déjà enclenché. Dans la réalité, on n’en est pas là : faire du circulaire, c’est compliqué. Depuis juin 2024, les professionnels disposent d’un mode d’emploi, décrit dans trois normes volontaires internationales : ISO 59004, ISO 59010, ISO 59020, pour s’accorder sur une vision globale, une terminologie et des bonnes pratiques. Découvrez toutes les solutions proposées par le groupe AFNOR pour structurer une véritable démarche d’économie circulaire.

Qu’est-ce que l’économie circulaire ?

Faire plus et mieux, avec moins, en boucle, et à l’échelle locale. Telle est l’ambition de l’économie circulaire. Cette approche anti-gaspillage repense nos modes de production et de consommation afin d’optimiser l’utilisation des ressources, si possible en circuits courts.

Schéma économie circulaire

Sobre en carbone, en énergie et en ressources naturelles non renouvelables, l’économie circulaire est fondée sur l’écoconception et l’éco-efficience des produits et services. Mais elle va au-delà. Elle prône une consommation responsable (un tiers de la production alimentaire mondiale est gaspillée !) et pose le principe d’économie de la fonctionnalité : une entreprise ne vend plus directement des photocopieurs ou des appareils culinaires, elle les loue à ses clients, en les faisant durer le plus longtemps possible. Le concept d’économie circulaire est trop souvent assimilé à la seule gestion des déchets, qui, si elle est essentielle, n’en constitue qu’un aspect.

L’économie circulaire ne s’improvise pas. L’entreprise dans son ensemble est impliquée par ce changement de paradigme qui affecte toute la chaîne de production et doit impliquer tout l’organigramme. Plusieurs expertises s’imposent pour mener à bien son projet.

  • Faire évoluer ses métiers et ses compétences ;
  • Repenser son organisation ;
  • Modifier ses modes de production et de consommation, en privilégiant une lecture en analyse de cycle de vie (ACV) ;
  • Faire appel à l’innovation à toutes les étapes de la chaîne de valeur.

Analyse du cycle de vie (ACV), diagnostic, déploiement de nouveaux modes de production et de consommation qui préservent les ressources naturelles… Plusieurs expertises sont mobilisées pour mener à bien la transformation de son modèle économique en vue d’une transition écologique !

Catalogue de formations pour faire évoluer vos métiers et compétences : https://competences.afnor.org/domaines/economie-circulaire

ISO 59004, ISO 59010, ISO 59020 : une définition et un mode d’emploi pour l’économie circulaire

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La famille de normes ISO 59000 est conçue pour harmoniser la compréhension de l’économie circulaire, aider à sa mise en œuvre et à sa mesure. Conçues sous l’impulsion de la France et approuvées par les professionnels de 100 pays contributeurs et de 19 organisations internationales, elles fournissent méthodologies et bonnes pratiques, Les appliquer, c’est mettre toutes les chances de son côté pour réussir son projet d’entreprise, avec une vision cycle de vie (en approche systémique), en considérant l’intégralité du champ de l’économie circulaire, sans le réduire au recyclage, et en s’inscrivant simultanément dans les trois piliers du développement durable (environnemental, sociétal et économique).

Ces normes s’adressent à toutes les organisations, qu’elles soient publiques ou privées, et quelle que soit leur activité pour mettre en œuvre l’économie circulaire.
La norme 59004 donne les principes de l’économie circulaire, qu’elle définit comme un « système économique qui utilise une approche systémique pour maintenir un flux circulaire des ressources, en recouvrant, conservant ou augmentant leur valeur, tout en contribuant au développement durable  ».

Les 6 principes interdépendants et complémentaires de l’économie circulaire sont :

  1. Une pensée systémique
  2. La création de valeur
  3. Le partage de valeur
  4. Le management des ressources
  5. La traçabilité des ressources
  6. La résilience des écosystèmes

Cette norme ISO 59004 doit être pensée par les organisations comme un outil de management des ressources afin de les aiguiller sur les actions à prioriser pour améliorer leur démarche d’économie circulaire. Elle définit les actions à mettre en œuvre pour réduire la pression exercée sur l’environnement par notre système économique.

Lire notre article dédié : https://www.afnor.org/actualites/economie-circulaire-trois-normes-iso-pour-passer-a-laction/

Pourquoi s’intéresser à l’économie circulaire ?

  1. Respecter et anticiper les contraintes réglementaires : L’économie circulaire est désormais au centre de grandes politiques publiques, à l’échelle territoriale, nationale et européenne. En France, elle a inspiré une Feuille de route pour l’économie circulaire (FREC) formalisée en avril 2018 qui a nourri la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) du 10 février 2020.  L’Union européenne lui consacre de son côté un « Plan d’action pour l’économie circulaire », formalisé en mars 2020, dans le cadre du Green Deal de fin 2019. Elle met par ailleurs en place un certain nombre de directives prônant l’éco-conception pour réduire les impacts des produits sur l’environnement (RoHS, EuP, VHU…).
  2. S’engager dans une initiative sectorielle : Les fédérations et les syndicats professionnels engagent de nombreuses démarches sur ce sujet.
  3. Répondre aux exigences des parties prenantes (ONG, consommateurs, actionnaires…) De plus en plus attentives à la qualité environnementale des produits et services mis sur le marché.
  4. Les bénéfices économiques et commerciaux : L’adoption d’une démarche d’éco-conception peut permettre de réduire les coûts de production (matières premières, énergie…) et donc d’augmenter les marges sur les produits éco-conçus. Elle permet aussi de réduire ses risques tout au long de la chaîne de valeur, qu’ils soient environnementaux, de disponibilité de la matière, communicationnels ou réglementaires.
  5. Le positionnement stratégique : L’économie circulaire permet de se positionner sur de nouveaux marchés en pleine croissance en confortant un intérêt certain pour l’environnement. Elle est un vecteur de création de valeur via la différenciation et l’innovation.

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC)

Conscient de l’importance de cette approche, le gouvernement a fait adopter la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Parmi les principales ambitions de ce texte, on peut citer

  • la réduction de moitié du gaspillage alimentaire d’ici à 2030 par rapport à 2015 ;
  • la fin des emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040 ;
  • un indice de réparabilité ;
  • un étiquetage plus précis.

À travers une gestion optimisée des ressources, l’économie circulaire constitue une partie des solutions à ces problématiques. Visant à découpler la création de valeur sociétale de son impact sur l’environnement, elle implique la mise en place de nouveaux modes de conception, de production et de consommation plus sobres et efficients (éco-conception, écologie industrielle et territoriale, économie de fonctionnalité, etc.), et à considérer les déchets comme des ressources.

De nombreuses entreprises se sont déjà engagées dans la transformation de leurs activités pour mettre une meilleure gestion des ressources au cœur de la définition de leurs modèles d’affaires. Si la politique d’économie circulaire s’intègre dans la stratégie RSE de l’entreprise, en répondant à la plupart des 17 objectifs de développement durable (ODD) définis par l’ONU, celle-ci doit irriguer l’ensemble de la stratégie de l’entreprise, concernant les directions commerciales, innovation, achats, etc. En effet, l’ensemble des parties prenantes doivent être mobilisées afin de couvrir l’ensemble du spectre de l’économie circulaire, et à toutes les étapes de la chaîne de valeur.

Elle doit également être centrale dans la gestion des ressources humaines, constituant une source de création et de transformation de nombreux emplois. De plus, la « quête de sens » dans le travail devient de plus en plus prégnante chez les employés. Inscrire l’entreprise dans son
environnement et dans un projet d’économie circulaire peut constituer un levier susceptible de
renforcer l’adhésion au projet entrepreneurial.

Focus sur l’éco-conception

L’éco-conception se caractérise par l’intégration de critères environnementaux dès la phase de conception d’un produit ou service afin d’en réduire les impacts tout au long de son cycle de vie : à la différence avec des approches de conception traditionnelles, le périmètre des concepteurs est élargi d’une part aux étapes en amont de la fabrication, comme l’extraction des matières premières et de l’énergie nécessaires, et d’autre part aux étapes en aval de la mise sur le marché, à savoir le transport, l’utilisation du produit et sa gestion en fin de vie.
Eco-concevoir, c’est concourir à maximiser le ratio « service/impact » du produit en prenant en compte :

    • L’analyse du cycle de vie
    • L’approche fonctionnelle
    • Les attentes des parties prenantes

Pour attester que ses produits sont conçus pour durer, réutilisés, recyclés et respectueux de l’environnement, AFNOR Certification délivre deux écolabels : Ecolabel Européen et NF Environnement.

Ecolabel
NF Environnement

Focus sur la mesure et l’évaluation de la performance de circularité

Dans les principes de l’économie circulaire, il y a l’idée de reculer au maximum la fin de vie d’un produit. Proposer des produits, services ou processus garantissant une durée de vie prolongée, pour le même usage ou pour un usage différent, c’est bien ; donner les preuves que c’est vraiment le cas, et ainsi convaincre l’acheteur, c’est mieux ! C’est en ce sens qu’AFNOR Certification a développé une gamme de signes de reconnaissance, regroupés sous l’appellation « Vérification Seconde Vie ». De quoi faire reconnaître, après vérification par un évaluateur indépendant, le fait que son produit est effectivement robuste, réparable, recyclable, ou bien issu du réemploi, du recyclage ou du reconditionnement.

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