Sécuriser son projet de méthanisation

Claire Delabre
Claire Delabre Chagué

Responsable de pôle mobilité énergie

Depuis les années 2010, les projets de méthanisation se multiplient en France, portés par un cadre législatif et tarifaire encourageant (10 % de gaz d’origine renouvelable en 2030) et le souci de moins dépendre des énergies fossiles et des pays lointains ou troublés qui les commercialisent.

Dans leur sillage, inquiétudes et conflits d’usage sur les ressources foisonnent aussi, bien que la France n’ait pas imité l’Allemagne dans son choix d’introduire, au sein du gisement de biomasse orienté vers la méthanisation, des cultures alimentaires comme le maïs.

La méthanisation, qu’est-ce que c’est ?

La méthanisation consiste à transformer de la matière organique en biogaz, au moyen d’un processus de fermentation anaérobie, c’est-à-dire en l’absence d’oxygène. Un méthaniseur peut ainsi être comparé à un estomac géant.

Séparé du digestat, le deuxième sous-produit de cette réaction, qui peut être orienté vers l’épandage agricole, le biogaz, un mélange gazeux constitué de méthane à 60 %, peut être valorisé de plusieurs manières :

  • En le transformant en chaleur et/ou en électricité par combustion, pour des besoins locaux comme du chauffage de serres horticoles
  • En l’injectant dans un gazoduc après épuration, où de « biométhane » rejoindra le gaz naturel fossile
  • En le conditionnant comme biométhane carburant, afin de faire rouler des véhicules de flottes captives comme des autobus ou des bennes à ordures
  • En le dissociant en CO2 et H2 par une opération dite de méthanation, afin d’obtenir de l’hydrogène.
la méthanisation est une énergie renouvelable décarbonée

Bois, algues, lisiers, sous-produits agricoles ou de l’industrie agroalimentaire, boues de station d’épuration… Comme la biomasse méthanisée est constituée de matière organique qui a absorbé du CO2 pour se constituer, l’opération est climatiquement neutre : le CO2 relargué à la combustion du biogaz l’est dans les mêmes quantités et alimente le cycle suivant de photosynthèse-méthanisation. C’est pourquoi la méthanisation est une énergie renouvelable décarbonée.

Méthanisation : un label de bonnes pratiques

Pour autant, un projet de méthanisation peut susciter une certaine défiance. Odeurs, bourrages, viabilité économique, pérennité technologique… Les projets sont passés au crible. Pour que ceux qui les portent puissent rassurer leurs interlocuteurs, notamment leurs bailleurs de fonds, AFNOR Certification propose le label Qualimétha. Mis au point avec l’ATEE, il s’adresse aux différents acteurs impliqués dans la réalisation d’un projet de méthanisation (bureaux d’études exerçant la fonction d’assistance à maîtrise d’ouvrage, maîtres d’œuvre, concepteurs, constructeurs).

 

Logo Qualimétha - méthanisation énergie

 

Le référentiel Qualimétha comprend une large grille de critères, couvrant aussi bien l’ingénierie financière, contractuelle et assurancielle, que les aspects liés à la sécurité et la maîtrise des risques et la robustesse des procédés techniques. Le label n’a pas vocation à qualifier le biogaz obtenu, lequel doit répondre à d’autres spécifications techniques et chimiques.

Points clés à retenir


  • La méthanisation consiste à transformer de la matière organique en biogaz.
  • AFNOR Certification propose le label Qualimétha.
  • Le référentiel Qualimétha couvre aussi bien l’ingénierie financière, contractuelle et assurancielle, que les aspects liés à la sécurité et la maîtrise des risques et la robustesse des procédés techniques.
Claire Delabre
Claire Delabre-Chagué

Responsable d'AFNOR Energies