Au même titre que l’énergie, l’eau fait partie des ressources qui requièrent un pilotage stratégique de la part des organisations publiques et privées et des territoires chargés de la distribution de l’eau potable, des usages agricoles et de la gestion des eaux usées. La trajectoire du plan Eau, initié par les pouvoirs publics en mars 2023, dirige ces acteurs vers des économies massives d’eau et la valorisation des mètres cubes non consommés, à travers la sobriété des usages, la qualité et la disponibilité de la ressource.

Bonnes pratiques et amélioration continue

Si les diagnostics eau, pratiques et instantanés, sont très répandus et les meilleurs techniques disponibles largement diffusées, promues par la réglementation européenne, le groupe AFNOR défend une approche à long terme de la ressource en eau au moyen d’un système de management, dans un esprit d’amélioration continue. Au sommaire de ce dossier :

 

  • A quoi sert un système de management de l’eau ?
  • Industriels, comment déployer un système de management de l’eau ?
  • L’eau n’est pas au cœur du modèle de votre organisation ? Vous êtes quand même concerné par les économies d’eau.
  • Animer la gouvernance de l’eau dans son territoire : quelle approche pour les collectivités ?
  • Peut-on aujourd’hui calculer l’empreinte eau comme on calcule l’empreinte carbone ?
  • Equipementiers en eau, pourquoi se tourner vers la certification NF ?

Gestion durable de l’eau : faites-le avec l’ISO 46001

Plan, Do, Check, Act (PDCA)

Fer de lance du groupe AFNOR, l’approche par système de management consiste à construire et développer son activité à travers les interactions et les corrélations avec ses parties prenantes, pour atteindre les objectifs et s’assurer qu’ils aient un impact positif. Cette approche permet d’utiliser plus efficacement les ressources, de mieux gérer les risques, de protéger les personnes et l’environnement, et d’accroître la capacité à délivrer des produits et services à impact pour les clients et les parties prenantes. Le tout, dans un esprit d’amélioration continue, avec un pilote désigné, et suivant la logique « Plan, Do, Check, Act » (PDCA). Dans le domaine de l’eau, c’est la norme volontaire NF ISO 46001 qui donne des lignes directrices pour bâtir et faire vivre ce système de management.

Se former au déploiement des systèmes de management de l’utilisation efficiente de l’eau grâce à la norme ISO 46001

Les démarches des organisations se concentrent sur la documentation et le respect des obligations légales en matière d’eau, sans pour autant changer culturellement et durablement les pratiques et le modèle d’affaires. Or, pour répondre aux enjeux, dont le plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau de mars 2023 en France, les organisations sont désormais appelées à construire, chacune à leur échelle, un système de gestion durable de l’eau, actionnant les leviers de la réduction, de la substitution ou de la réutilisation. Si votre organisation est concernée par l’ESRS 3 (eaux et ressources marines) au titre de la directive européenne sur le reporting de durabilité (CSRD), l’ISO 46001 répond à ce pilier.

En effet, l’ESRS 3 de la directive CSRD se concentre sur la gestion durable de l’eau, exigeant que les entreprises divulguent des informations détaillées sur leur utilisation de l’eau, leurs impacts sur les ressources hydriques et les mesures prises pour réduire leur consommation et protéger les écosystèmes aquatiques. Cela inclut des données sur les prélèvements, les rejets, et les risques liés à l’eau dans leurs opérations, tous présents dans la méthodologie recommandée par l’ISO 46001.

Plan eau : l’industrie doit agir

En France, la publication en 2024 d’une liste des 50 sites industriels les plus consommateurs d’eau souligne la limite des dispositifs actuels (lois, directives, diagnostics, etc.) à faire baisser durablement les consommations en eau. Le plan eau du gouvernement ambitionne de réduire les prélèvements en eau de 10 % d’ici à 2030. La norme ISO 46001 formule des recommandations, notamment en ce qui concerne :

  • la surveillance et la mesure
  • la documentation, la déclaration, la conception et les pratiques d’achat d’équipements, de systèmes et de procédés
  • l’embauche de personnel contribuant au management de l’utilisation efficace de l’eau.

Vous pouvez faire constater que vous l’appliquez en tous points, et ainsi valoriser vos bonnes pratiques dans vos réponses aux appels d’offres en faisant certifier votre système de management de la gestion efficiente de l’eau. Vous pouvez aussi faire appel à un expert AFNOR BAO pour vous y préparer.

La norme aide les organismes à évaluer et à prendre en compte leur utilisation de l’eau, et à identifier, planifier et mettre en œuvre des mesures pour réaliser des économies d’eau à travers trois principes :

  • la réduction, par l’utilisation d’appareils économes, un suivi des usages et une surveillance des pertes et fuites
  • le remplacement, par de l’eau réutilisée, de l’eau de pluie ou de mer à la place de l’eau potable
  • la réutilisation, par le recyclage des eaux de process ou des eaux grises.

Vous êtes une TPE ? AFNOR Editions vous propose le pack TPE « Recyclage des eaux usées et sobriété hydrique » pour une veille normative et réglementaire complète. Vous pouvez aussi devenir expert en traitement des eaux industrielles avec notre formation de 9 jours.

Animer la gouvernance de l’eau dans son territoire

Les collectivités abordent le management durable et efficient de l’eau sous l’angle du risque (inondations, crues, sécheresses, défaillances matérielles, pollution, etc.). Elles sont au cœur d’un dialogue à plusieurs voix avec les agences de l’eau, les services d’assainissement type SPANC et les services déconcentrés de l’Etat (directions de l’eau et de l’aménagement territorial, Dreal). Là encore, c’est une norme volontaire, l’ISO 37101 sur le développement durable au sein des communautés territoriales, qui aide à s’organiser sur la question.

Réduire la vulnérabilité aux inondations

Ces dernières années, la France a été confrontée à des épisodes pluvieux intenses accentués par le changement climatique. Ces événements ont entraîné des inondations d’ampleur diverse, qu’elles touchent une seule commune ou l’ensemble d’un bassin hydrographique. Les crues sont souvent exacerbées par l’état des sols, qui peuvent être soit très secs, soit saturés en eau, ainsi que par le type de construction en surface et l’aménagement urbain.

AFNOR travaille actuellement sur une nouvelle norme volontaire pour mieux évaluer l’efficacité et l’adéquation des dispositifs de prévention des inondations. Ces dispositifs comprennent notamment des barrages, appelés batardeaux, qui sont installés pour retenir l’eau sur une surface donnée. Toutefois, il est souvent difficile pour les collectivités de choisir le dispositif le plus adapté et le plus efficace. La nouvelle norme vise à résoudre ce problème en fournissant des critères clairs d’évaluation de la performance des dispositifs anti-inondations.

Calculer une empreinte eau

En 2016, l’idée d’une empreinte eau a émergé dans les travaux normatifs dans le but de définir, collectivement et par consensus, les exigences et les lignes directrices relatives à l’évaluation de l’empreinte eau des produits, des processus et des organisations basée sur l’analyse du cycle de vie (ACV). Une empreinte eau peut venir nourrir les indicateurs d’une politique RSE. Comme le souligne la norme internationale ISO 14046 , une empreinte eau peut participer à :

 

  • l’évaluation de l’ampleur des impacts environnementaux potentiels relatifs à l’eau
  • l’identification des possibilités de réduire les impacts environnementaux potentiels relatifs à l’eau associés aux produits à différentes étapes de leur cycle de vie ainsi qu’aux processus et aux organisations
  • la gestion des risques stratégiques relatifs à l’eau
  • la mise en œuvre d’une gestion de l’eau efficace et optimisée au niveau des produits, des processus et des organisations
  • l’information des décideurs de l’industrie, des pouvoirs publics et des ONG
  • la fourniture d’informations cohérentes et fiables, basées sur des preuves scientifiques.

Equipements pour l’eau :
demander la certification NF

Tuyaux, robinetterie, chauffe-eau, appareils de traitement de l’eau, kits d’analyse… Il est important de signaler que les équipements que vous commercialisez rendent des services de qualité. Dans un domaine où l’absence de qualité se traduit par des fuites et des dommages très pénalisants, la marque NF agit comme un signal qualité et est connue comme telle par les consommateurs.

Le secteur de l’analyse de l’eau, par exemple, exprime le besoin de mettre en pratique des kits rapides d’analyse. AFNOR Certification a ainsi décliné la marque NF Validation  au secteur de l’analyse microbiologique de l’eau. Pour l’afficher sur vos produits, il faut solliciter un audit. Suivez aussi les travaux de normalisation des méthodes de détection des substances perfluorées (PFAS) dans l’eau potable (projet NF EN 17892 ).